Premier rendez-vous [ Die ] [ Terminé ]

Sakito avait passé la nuit à s'inquiéter parce que Toshiya n'était pas rentré... Mais ce n'était rien comparé au stress, à l'impatience qu'il ressentait à l'idée de revoir Die! Sachant qu'il aurait du mal à s'endormir, il était aller se coucher tôt. Au final, ça ne l'avait pas fait dormir plus longtemps. Il avait fini par avoir des crampes à la mâchoire à force de sourire niaisement depuis que son beau hunter était reparti... De sa vie, il ne se souvenait pas avoir eu un rendez-vous, alors il se posait pleun de questions! Quelle tenue mettre, quelle attitude avoir, il se sentait comme une fille dans un shoujo, pour le coup! C'est à dire... stupide. Il se sentait stupide d'apprégender autant, et de se poser tant de questions. Mais c'était pas de sa faute si Die lui faisait un tel effet dans son petit coeur! Die... Ce prénom, son visage ne cessaient de revenir à se pensées et de le faire sourire...

Sa journée avait été mouvementée! Essayages, coiffures, maquillage... Il avait tout essayé au moins 20 fois, sans jamais être content de son apparence! Finalement il avait opté pour un basique... Un t-shirt blancs avec des motifs imprimés noirs dessus, suffisament moulant pour mettre son corps en valeur mais suffisament large pour ne pas que ça fasse vulgaire ou exhibitionniste, un veston de costar sans manches ouvert, des sautoirs en perles sombres autour du cou, de différentes tailles et longueurs, un jean noir légèrement troué aux genoux et... Chaussures? Quelles chaussures mettre?! Un nouveau défi pour Sakito qui passa ses 40 paires en revue. Il opta pour des converse, les seules encore en état avec ses doc martens. Passage loooong et laborieux par la salle de bains où il mit un certain temps à lisser ses cheveux, les re-lisser, les coiffer en leur donnant du volume par le dessous... asse-tête, de se préparer quand on s'appelle Sakito! Se regardant dans le miroir, il trouva qu'il manquait quelque chose. Ah, des acessoires! Il mit une ceinture simple, deux bagues à sa main gauche et une à sa main droite, eu un bracelet au poignet gauche. Lorsqu'il fut satisfait, il mit une légère touche de parfum et prit sa veste, style smoking. Portable en mode silencieux, porte-feuilles etc, il avait tout. Un dernier coup d'oeil dans le miroir, vérifiant que tout était bien. Il voulait être parfait pour le hunter!

Le coeur battant il sortit de la maison du vampire, il était 19h. Il avait tellement peur d'être en retard et que Die soit déjà parti! Il arriva 40 minutes plus tard devant le restaurant traditionnel, et commenca à stresser légèrement... Il fut soulagé de voir que personne ne le reconnaissait ici. Les mains jointes, il attendit donc patiemment d'entendre le grondement de la Honda...

Sakito n'attendit pas longtemps. Il sursauta en ne voyant plus rien, une main s'étant posée sur ses yeux. Il reconnut la voix du hunter et son coeur se mit à battre la chamade. Les deux hommes se virent enfin, et le brunet eut un sourire radieux, rougissant timidement lorsqu'il lui baisa la main galament. En le regardant, il le trouva encore plus beau que la veille... Il aurait tant voulu lui dire qu'il lui avait manqué, et qu'il espérait qu'il trouvait sa tenue à son gout, mais il ne se le permit pas, ne voulant pas précipiter trop les choses entre lui et ce beau et galant et adorable et... et parfait homme qui l'avait tant fait rêver cette nuit. Comme il aurait voulu pouvoir se blottir dans ses bras dont il avait longuement imaginé l'étreinte durant son sommeil... Peut-être y aurait-il droit un jour, qui sait. Cela serrait un immense privilège pour lui en tout cas... Mais pour l'instant, ce n'était pas l'heure à penser à ce genre de choses.

Ils rentrèrent dans le restaurant, et se dirigèrent vers une table. L'intérieur du restaurant éblouissant Sakito, qui n'avait jamais mit les pieds dans un tel endroit! Tout était tellement magnifique... Die avait vraiment eu bon gout pour choisir cet endroit! Ils s'assirent, et le jeune homme plongea son regard dans celui du hunter, qui lui demanda si il ne l'avait pas trop fait attendre.

- Non, ne t'en fais pas!

Il lui adressa un charmant sourire, et détailla silencieusement chaque trait de son visage qui semblait embelli par rapport à la veille. Déjà qu'il l'avait trouvé superbe... Peut-être la pluie avait-elle causé quelques dommages. Heureusement aujourd'hui, ce genre d'incident n'arriverait pas, le temps était sec.

- Cet endroit est magnifique, Die-san...

Si les yeux de Sakito brillaient comme des diamants lorsqu'il détaillait la décoration du restaurant, ils devenaient de vrais soleils en se posant sur le visage du roux. Die... Cet homme n'avait rien à voir avec tous les autres qu'il avait connus.Il avait quelque chose d'unique. Du respect, de la galanterie, une lueur particulière dans le regard. Sakito ne savait pas ce que c'était, mais à ses yeux il était unique.

Un serveur vint leur apporter deux rouleaux de parchemins, et les deux hommes les déplièrent pour en lire les kanjis calligraphiés. Puis, il prit leurs commandes, et Sakito regarda son inviteur en souriant lorsqu'il commanda un plat de sushis. Pour le jeune homme aussi, le choix était fait. Cela faisait des années qu'il rêvait de pouvoir remanger un katsudon... Sa mère les faisait merveilleusement bien, mais depuis 6 ans il n'avait plus droit à sa cuisine. La serveuse qui leur apporta le plateau de sushis avait tout d'une jeune fille parfaite. Une allure élégante et discrète, sa coiffure et son uniforme de travail impecablement tenus. Sakito lui adressa un sourire quand elle leur souhaita un bon appétit. Les paroles de Die le firent encore plus sourire.

- Je ne peux que te croire...

Il le regarda prendre un sushi et l'approcher de sa bouche. Sakito entrouvrit les lèvres et mangea, souriant. Il ouvrit de grands yeux de surprise, et lorsqu'il eut avalé, il regarda Die avec son habituel sourire.

- Effectivement, c'est délicieux!

A son tour, il saisit un sushi au centre du plateau et l'approcha de la bouche de Die pour lui faire manger, souriant. Il lui inspirait de sourire tout le temps, c'était incroyable! Sakito avait perdu le sourire durant six longues et pénibles années et maintenant il souriait le plus naturellement du monde. Il souriait aussi à Toshiya, mais pas de la même façon... Il ne posait pas le même regard sur lui. Sa douce voix se fit de nouveau entendre, calmement comme toujours.

- Tu viens souvent ici?

C'était vraiment un endroit exceptionnel, où Sakito avait rejoint une personne exceptionnelle... Il admirait énormément Die, sa carrure, sa gentillesse, tout en lui émerveillait le jeune homme. Ils n'étaient pas ici depuis longtemps, mais Sakito avait la sensation de vivre la meilleure soirée de sa vie.

Les lèvres du hunter s'emparèrent du mélange de riz vinaigré et de poisson cru qu'il mangea pour mieux le savourer. Cette entrée en matière était exquise. Le restaurant portait bien sa réputation, et Die avait l'impression que la nourriture était plus fine chaque fois qu'il venait. Peut être le fait que l'enseigne soit à présent financée et contrôlée par des yakuzas...

- Hmm... souvent, c'est pas exactement le mot. Je venais régulièrement manger ici le midi, en toutes saison, mais en ce moment je dois me coltiner les surgelés et les boîtes du studio. L'un de mes collègues s'est blessé récemment, et l'autre est toujours en vadrouille à droite à gauche. Alors je joue les infirmières la plupart du temps.

Il mangea l'un des makis. Puis reprit :

- Ca commençait à me manquer. Au bout d'un moment c'est vraiment chiant de s'occuper d'un antisocial grincheux toute la journée. Alors passer une soirée ici avec le plus bel homme de cette ville... Son regard charmeur ne laissait aucune ambiguïté. ... J'allais par rater ça.

Les pièces de riz se succédèrent les unes aux autres, et finalement le serveur vint récupérer les plats vides. Il déposa deux petits bols en terre cuite et une bouteille de saké. Die servit Sakito puis remplit le sien. Le vida d'un trait. Respectueux des traditions, il n'avait pas trinqué. Cette mode occidentale n'avait rien à faire dans un tel restaurant. Il reposa le minuscule bol sur le bois massif, posa ses deux coudes sur la table et son menton sur ses doigts entrecroisés, dévorant son invité du regard.

Sakito eut un sourire amusé quand le hunter lui expliqua la situation... Infirmière, ça lui allait bien comme rôle! Le brun prit aussi un maki et fut amusé de voir comme il parlait de ses collègues. Il se sentit rougir à la fin de sa phrase, et eut un sourire digne d'une héroïne de shoujo. Il regarda Die de son regard pétillant et murmura.

- Vous faites erreur... C'est moi qui ai l'honneur de passer la soirée avec le plus bel homme de cette ville...

Sakito vit bien que Die cherchait à le séduire... Le hunter n'avait pas besoin d'en faire des tonnes, son seul regard suffisait à faire fondre le brun sur place! Un serveur leur apporta une bouteille de saké, et les deux hommes burent leur verre, l'ex-prostitué plus lentement tout de même car il était rare qu'il boive de l'alcool. En temps normal, c'était seulement à nouvel an, pour oublier un peu à quel point il était seul. Mais plus jamais il n'aurait ce genre de comportement minable, d'ailleurs il s'était juré de ne plus jamais être saoul.

Il reposa son petit bol sur la table et appuya un coude sur cette dernière, posant son menton dans sa main et regardant Die d'une façon tendre, d'un regard pétillant de joie... Il souriait, sans même s'en rendre compte. Son coeur battait fort, et le regard du hunter n'arrangeait pas les choses. Mais comment résister à un regard de braise comme le sien, et à toutes ses qualités morales? Même un hétéro n'aurait pas résisté à ça...

- T'ais-je déjà dit que je te trouvais vraiment exceptionnel, Die?

Cette phrase était sincère, c'est la pensée de Sakito qui avait passé ses lèvres dans un murmure, alors que son sourire n'avait pas disparu et sur son regard était toujours plongé dans celui du hunter.

Sakito remarqua que le sourire du hunter s'était effacé, et il eut une mine inquiète. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas? Peut-être qu'il n'intéressait pas tant Die que ça en fin de compte? Les questions se bousculaient dans sa tête et il commenca à paniquer, s'efforcant de le cacher. Son sourire le rassura quelque peu, et ses mots le firent sourire. Le serveur apporta leurs plats, et suite à ça ils mangèrent en silence, Sakito ne pouvant cependant pas s'empêcher de culpabiliser un peu... Il releva les yeux vers le hunter et remarqua sa mine songeuse.

Il se mordit la lèvre inférieure et prit la parole d'une voix hésitante, inquiet d'aggraver la situation.

- Die... Ca ne va pas?...

Comme il s'en serrait voulu si il avait gâché la soirée! Il se traita muettement d'imbécile qui ne rattait jamais une occasion de mettre les deux pieds dans le plat. Sur le coup, il en menait pas large, mais alors pas du tout... Sous la table, il triturait nerveusement et discrètement la bague de son index gauche. Il angoissait de la réponse de Die... Il avait déjà failli le perdre de vue une fois, il ne voulait pas que ça recommence, pas maintenant qu'il s'était attaché à lui!

- Je... J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas?...

Sa voix était toujours aussi timide et hésitante que précédement, l'angoisse était probablement audible...

La tension de Sakito était presque palpable. C'était adorable au possible.
Die leva une mine radieuse. Il ne voulait pas inquiéter son charmant compagnon et avait presque oublié à quel point celui-ci était perspicace.

- Non, je t'assure. Tout va bien.

Il remplit les deux bols de saké. Se promit qu'après il arrêterait. C'était nécessaire s'il voulait rentrer chez lui en vie ce soir, et à plus forte raison s'il voulait déposer Sakito chez l'autre vampire de bas étage en un morceau. Plus il repensait à cette ordure de vampire qui retenait son ange entre quatre mur pour son bon plaisir, plus le hunter s'irritait. C'était abject de libérer un si bel oiseau d'une cage pour le jeter dans une autre, aussi dorée soit-elle. Il se promit que si un jour il en avait le pouvoir, il ferait tout pour renverser la situation. Mais pour le moment, même si Sakito ne semblait pas indifférent à ses attentions, il ne pouvait strictement rien envisager de concret. Il prendrait son mal en patience.

- Je suis juste un peu... nerveux.

Il aurait voulu lui dire qu'il ne savait pas trop comment anticiper la suite des opérations. Que ce qui commençait à se passer entre eux l'effrayait. Qu'il était mort de trouille et qu'il ne savait absolument pas comment faire pour lui témoigner son affection de façon simple et précise. Mais aucun mot de sortit. Il ne pouvait pas lui dire qu'il l'aimait. Il ne le savait même pas lui même, et considérait qu'il fallait du temps avant de pouvoir aimer et être aimé profondément. Et il n'osait pas lui dire qu'il était totalement tombé sous son charme. Qu'il rêvait de pouvoir passer sa main dans ses cheveux et l'embrasser pendant une vie. Qu'il ne supportait pas l'odeur de ce vampire sur lui. Qu'il ne supportait pas ce vampire tout court. Qu'il aurait déplacé des montagnes pour lui permettre d'être totalement libre...

Sakito fut rassuré par les paroles du hunter. Visiblement ils étaient deux à être nerveux... Encore, la tension du brun était retombée en grande partie par rapport à cet après-midi qu'il avait passé à faire des essayages de tout et n'importe quoi. Ils burent une nouvelle fois du saké, et le jeune homme se promit aussi d'arrêter après ce bol. Sur le coup, il se demanda si Die n'avait pas vu Toshiya au QG... Il n'osa pas demander, il verrait bien si le vampire rentrait ce soir ou pas. Il n'avait pas l'intention de demander à Die pour passer la nuit avec lui, ce n'était que leur premier rendez vous et il tenait à prendre son temps. Surtout, ne rien brusquer pour ne rien gâcher. Il plongea de nouveau son regard dans celui du hunter.

Il se sentait rêveur... L'avantage de vivre avec Toshiya et pas avec un autre vampire, c'est qu'il suffisait de lui laisser un mot quand il sortait. Pas besoin de plus de justifications! Il lui laissait toute la liberté qu'il voulait tant qu'il rentrait en un seul morceau, et que personne ne lui faisait de mal. Il n'était pas enfermé le moins du monde, sinon il ne serrait pas ici avec Die... Les deux hommes finirent leurs plats, et Sakito était très loin d'avoir regretté son choix! Une idée lui vint.

- Die... Est-ce que ça te dirais qu'une après midi on aille se promener au bord de l'eau? J'ai entendu dire qu'il y avait un lac derrière la forêt, j'ai jamais été...

Et il rêvait d'une ballade au bord de l'eau... Il pourrait préparer un pic-nic si besoin! Il avait toujours eu cette passion pour l'eau, depuis l'enfance... Ca lui rappelait les vacances à la mer qu'il faisait avec sa famille tous les étés jusqu'à ses dix ans. Et les baignades dans le ruisseau vers leur maison de campagne avec ses deux soeurs... Il aurait aimé revivre ces souvenirs là en compagnie de Die...

Le hunter finit silencieusement son assiette. L'idée de Sakito était intéressante. Voire même excellente. La nuit était fraîche mais pas pluvieuse comme la précédente et assez claire pour éviter de mauvaises surprises. Lorsque le serveur vint récupérer leurs assiettes et couverts, il leur proposa un dessert que Die refusa poliment. Il avait une meilleure idée. Il demanda l'addition et reporta son attention sur Sakito.

- On pourrait aller y faire un tour maintenant, histoire de tâter le terrain, fit-il avec un grand sourire. Une balade au clair de lune au bord du lac, sans aucun vampire pour les emmerder ni aucun yakuza pour leur chercher des noises... le pied.

Le serveur revint avec l'addition que Die paya sans plus tarder, et sans non plus oublier de laisser un copieux pourboire. Il aimait ce restaurant... vraiment. Et c'était son premier rendez-vous avec Sakito. Il fallait donc le marquer d'une pierre blanche. D'où ce geste généreux envers la direction. La proposition ne sembla pas déplaire au jeune homme. Die sourit. Se leva et enfila son manteau. Offrit son bras à Sakito.

Tous deux sortirent du restaurant aussi bavards que des carpes, mais liés par un puissant jeu de regards et de sourires. Die ouvrit la portière de sa Lexus à Sakito et se mit au volant. Les phares xénon se mirent en marche. Il aimait la moto, mais se déplacer en voiture était bien plus confortable, surtout par les temps actuels, où la météo n'en faisait qu'à sa tête. Il ne voulait pas prendre le risque que son protégé tomber malade, et encore moins qu'il soit blessé avec lui dans un accident.
La berline noire s'arrêta devant un salon de thé à la sortie de la ville. Die sortit de la voiture en certifiant qu'il en avait pour une minute. Et revint avec un sachet rempli de petits bonbons peu sucrés mais très parfumés aux couleurs variées et toutes plus vives les unes que les autres. Il adorait ces bonbons, et craquait totalement pour les verts et les bleus qui étaient légèrement acidulés.

- C'est mon petit péché mignon, fit-il en rougissant légèrement.

Il avait envie de montrer à Sakito toutes ses manies, ses habitudes et ses préférences. De l'imprégner de son quotidien, de lui faire comprendre sa manière d'être, de le mettre au courant de tout ce qui constituait son quotidien. Bref, il brûlait d'envie de le faire entrer dans sa vie, tout simplement.

Les 150 chevaux grondèrent. La lexus contourna la forêt et se gara à quelques dizaines de mètres du lac. Die descendit, ouvrit la portière à Sakito. Les lampadaires diffusaient une lumière blanche qui se reflétait sur la surface du lac, créant une mirade d'énormes étoiles sur des centaines de mètres. Un spectacle impressionnant.

- Tu veux marcher un peu?

Die semblait emballé par l'idée du jeune homme, et lorsqu'il proposa d'y aller dès ce soir, un immense sourire illumina son visage. Sakito laissa le hunter payer l'addition, cachant du mieux qu'il pouvait que ça le gênait quelque peu... Il avait été éduqué comme ça, on lui avait toujours appris à faire de son mieux pour les autres, mais à ne pas les laisser trop s'occuper de lui. Ils se levèrent et remirent leurs vestes, le brun fut un peu plus long puisqu'il dit refermer les boutons de son blaser. Die lui offrit son bras, que le jeune homme accepta en souriant, et ils sortirent du restaurant comme ça, silencieusement, leurs regards et sourire valant bien plus que n'importe quele phrase. Ils entrèrent dans la voiture de Die, un véhicule classe au moteur visiblement puissant.

Ils s'arrêtèrent devant un salon de thé, Die revint deux petites minutes plus tard avec un sachet de bonbons, expliquant au passager que c'était son péché mignon, ce qui le fit sourire. Sakito n'avait pas vraiment de péché mignon, ou du moins il ne s'était jamais posé la question de savoir si il en avait un ou pas...

Ils ne tardèrent pas à arriver au bord du lac, et Sakito se sentait comme un gamin qu'on emmène à la mer pour la première fois.

- C'est magnifique...

Die proposa de marcher un peu, et le brun accepta sans hésiter! Les deux hommes se mirent donc en route, suivant le chemin éclairé. Les reflets des lampadaires sur l'eau donnaient une impression quasi-irréelle et Sakito avait l'impression d'être dans un de ces flms fantastiques dont raffolent les jeunes, mais qu'il n'avait pas l'occasion d'aller voir. D'une voix douce, il prit la parole.

- Ca me rapelle quand j'allais à la mer avec mes parents, et qu'on allait se promenner la nuit...

Un sourire se posa sur ses lèvres, et son regard vint trouver celui de Die. Bien entendu, il ne le voyait pas comme son père, mais les ballades au bord de l'eau ça lui rappelait son enfance. Ca lui faisait plaisir de parler un peu de ça au hunter, quelque part ça lui permettait de mieux le connaitre et ça leur permettait de se rapprocher l'un de l'autre.

[ Let's carry on here. La flemme de faire un sujet dans la forêt de toute façon. ]

Les deux silhouettes longeant le lac entre les ombres et les lueurs argentées s'éloignèrent peu à peu de la berline. L'ennui et la frustration semblaient disparaître avec la simple présence de Sakito, ange parmi les hommes, lumière dans les ténèbres, et unique préoccupation de Die.

- Tes parents?

Les sourcils du hunter se froncèrent. Il questionna son ami du regard.

- C'était il y a longtemps?

Reportant son attention sur le sol qui fixait au fur et à mesure de ses pas pour éviter la mauvaise surprise d'un trou ou d'une racine, Die se mit à penser à ses propres parents. Ceux qu'il n'avait jamais connus. Dont il n'avait jamais vu la moindre photo. Des fantômes. Ni vivants ni morts. Quelque part entre ce monde et l'autre. Plus il y pensait plus il se sentait seul. Sans origine, sans passé, et probablement sans avenir. Chasser des vampires, c'était bien beau, mais sur le long terme supprimer des vies ne menait à rien d'autre que la solitude et la dépression. Il soupira.

- Comment tu les as perdus? Raconte-moi...

Si sa propre blessure était profonde, il ne doutait pas que celle de Sakito devait l'être encore davantage. Die n'avait perdu que des ombres. Sakito des personnes auxquelles il tenait. Ca faisait toute la différence.
Le hunter voulait savoir. Il voulait comprendre. L'avenir commence par le passé. Il devait connaître l'histoire de celui qui l'empêchait de dormir avant de songer à entreprendre quoi que ce soit avec lui.

Sakito avait conscience que plusieurs heures s'étaient déjà écoulées, depuis le moment où il était venu attendre le hunter devant le restaurant, mais il lui semblait que seulement une poignée de volatiles minutes avaient passé. Il appréciait réellement sa compagnie et aurait pu rester une éternité ainsi, marchant au bord du lac, sa main timide reposant sur son bras, son regard croisant parfois le sien... Il lui posa des questions, et Sakito mit quelques instants avant de répondre. En six ans, jamais il ne s'était confié à personne sur son passé, et il hésitait quelque peu à le faire. Mais c'était Die... Il n'avait pas envie de lui cacher quoi que ce soit, alors d'une voix timide il prit la parole.

- Il y a six ans, pendant la guerre... J'étais dans le métro avec ma cousine, on rentrait du lycée pour aller rejoindre mes parents et mes deux soeurs, et ce jour là, la ville a été bombardée. Le plafond s'est écroulé, et j'ai perdu connaissance. En me réveillant je me suis appercu que j'étais le seul survivant de toute la rame, parce qu'un siège avait bloqué le toir du métro qui aurait du m'écraser. Je suis sorti, j'ai mis plusieurs jours et j'ai tenté de retourner chez moi, pour voir si mes parents allaient bien. Quand je suis arrivé sur place, à environ 700 mètres de chez moi, les autorités m'ont barré la route, me disant que tout était détruit et qu'on ne pouvait pas passer. Je n'ai jamais su ce qui était advenu de mes parents et mes soeurs...

Sakito se mordit la lèvre inférieure, et baissa les yeux timidement. C'est suite à ça qu'il avait commencé à vendre son corps, pour se payer les services d'un détective privé pour l'aider à retrouver ses parents. Il avait déjà parlé de ça à Die la veille... Il n'avait plus aucune famille depuis ce jour-là, ses parents avaient coupé les ponts avec tout le monde, ormis sa cousine décédée dans cette rame de métro. Depuis de jour aussi il avait une peur panique des endroits trop étroits et souterrains... Il releva son regard vers le hunter, et lui adressa un léger et timide sourire.

Le regard attendri de Die fit sourire le jeune homme avec un peu plus d'aisance. Il était rassurant, même sans paroles, même sans gestes, rien que son regard faisait s'envoler toutes les craintes du jeune homme. Lui qui se sentait faible, ignoré, à découvert tout le temps, avec le hunter il se sentait compris et protégé... Et c'était si bon, si agréable, si doux de ressentir ça... Il avait envie de témoigner la même affection à Die, mais ne savait pas vraiment comment s'y prendre... Il se sentait terriblement bien avec lui, mais c'était pas comme avec ses anciens amis. C'était encore bien mieux que ça... Il ne put réprimer un long frisson en sentant les doigts du hunter effleurer son dos, malgré ses vêtements, et il se sentit rougir légèrement en se retrouvant contre lui. D'instinct, sa main passa par dessus le ventre du roux pour venir se poser sur sa hanche, répondant innocement à cette étreinte qui se voulait des plus réconfortantes. Ses paroles le firent sourire et il lui répondit le plus naturellement et sincèrement du monde.

- Il te suffit de rester comme tu es...

Le hunter soupira et proposa de retourner sur leurs pas. Il fit tourner le plus jeune autour de lui, faisant rire ce dernier qui se laissait faire bien volontiers. Ils se remirent en route, et une question vint tarauder l'esprit de Sakito.

- Dis moi Die... Je t'ai parlé de ma situation familiale, mais tu es resté muet sur la tienne...

Il aurait voulu en savoir plus sur Die. En fait, il aurait voulu tout savoir de lui, comme il voulait qu'il sache tout de sa vie. Ses petites habitudes, ce qu'il aimait et n'aimait pas... Il se doutait que tout cela ne se ferrait pas en une seule soirée, que ça prendrait certainement beaucoup de temps, mais il était patient... Du moins, il le serrait pour Die, qui prenait de plus en plus de place dans son esprit à sa plus grande joie...

Le sourire ancré sur ses lèvres et devenu un peu niais à force de l'être s'estompa. Les pensées de Die revinrent à des choses plus douloureuses et plus désagréables que celles qui occupaient son esprit jusqu'à présent. En d'autres termes, elles s'éloignèrent de Sakito.

- Euh... Un soupir résigné s'échappa de ses lèvres, laissant une légère brume. Laquelle lui donna envie d'une clope. Il sortit son paquet de Seven Stars. La pierre crissa. Le Dupont claqua. Il rangea briquet et paquet, oubliant volontairement d'en proposer une à Sakito.

Après la première bouffée, il tendit la cigarette à Sakito et entama son récit.

- Alors... pour résumer, je n'ai rien. Absolument personne, sauf mes collègues qui font office d'amis. Je sais pas si j'ai eu des frères et soeurs, et je ne sais pas où sont mes parents ni même s'ils sont encore en vie. Contrairement à toi j'ai pas envie de les retrouver. Ou plus envie... Je suis fatigué de courir après des chimères...

Sa gorge se serra à cette affirmation. C'est vrai, il était fatigué de tout ce bordel. Celui qu'il avait perdu ne reviendrait pas. Il était sûrement déjà mort. Ou déjà vampire, donc potentiellement presque mort. Il était temps de tirer un trait sur le passé. Définitivement.

- Bon, pour répondre à une éventuelle question, non je n'ai pas grandi dans la rue comme un sauvage, ajouta-t-il avec un sourire. Un couple de lesbiennes m'a recueilli et a tenté de m'éduquer. Sans succès bien entendu! Enfin, est-ce que c'est à cause de ça que je suis gay, va savoir...

Il adressa un clin d'oeil espiègle à Sakito. La voiture n'était plus qu'à quelques mètres. Il regarda une dernière fois la surface scintillante du lac. Se promit de revenir de jour avec Sakito. Le plus tôt possible. Puis sortit les clefs de la berline. Prit place côté conducteur.

Sakito regarda le hunter allumer une cigarette avant d'entamer son récit. Il tendit la cigarette au plus petit des deux, qui la prit et tira une latte, souriant intérieurement. Il ne fumait pas souvent, mais cette cigarette là... Il y avait le gout des lèvres de Die sur le filtre... C'était quelque chose d'unique pour le jeune homme, et il tenterrait de se souvenir de ce gout délicieux le plus longtemps possible... Il trouva ça dommage de ne pas pouvoir gouter réellement à ses lèvres, mais il ne brusquerait pas les choses. Aussi se tut-il.

Il écouta le récit du hunter... Lui aussi était seul au monde niveau familial. Mais au moins, il avait des amis... Sakito avait Toshiya, qu'il considérait un peu comme son grand frère. Prostitué, comme lui. Délaissé, comme lui. Une sorte de frère de galère si on veut. La plus grande différence entre eux résidait dans la taille de leurs canines. Il adressa un sourire à Die quand il évoqua ses deux mères adpotives et le fait qu'il était gay.

- Toi aussi tu sais que si je peux faire quoi que ce soit pour toi, tu n'as qu'à me le demander...

Il lui adressa un sourire tendre et lui rendit la cigarette, leurs doigts s'effleurant et faisant rougir très discrètement le jeune homme. Ils montèrent en voiture, au plus grand regret de Sakito. Comme il aurait voulu que cette soirée ne se termine jamais! Il espérait pouvoir passer encore du temps avec Die le plus vite possible... Comme il allait lui manquer en attendant! Ca serrait dur pour lui de trouver le sommeil... Il regarda le beau hunter assis à côté de lui et ne put s'empêcher de sourire, et de penser que même si son métier était de tuer, il avait eu le secret de resuciter son âme, et il espérait que si le destin avait su les réunir, il n'aurait pas la cruauté de les séparer...

Die ne semblait pas résigné à démarrer, et le jeune homme en était plus qu'heureux! Il reprit la cigarette et alors qu'il s'apprêtait à tirer une latte, il vit le hunter se détacher et se pencher vers lui. Au début, il pensa qu'il voulait prendre quelque chose dans la boite à gants, mais il vit son visage se rapprocher du sien. Il se sentit rougir... Il pur sentir la respiration de Die contre ses lèvres, puis bientôt ce ne fut plus son souffle, mais ses propres lèvres. Son coeur manqua d'exploser, et il ferma les yeux, savourant ce contact tant désiré, qui lui semblait si tabou... Doucement et inconsciament, ses doigts vinrent trouver la joue de son beau hunter, l'effleurant délicatement. Il ne réalisait pas encoe pleinement ce qui se réalisait, mais ce doux moment prit fin bien trop rapidement à son gout... Les joues rosies et les lèvres très légèrement entre ouvertes, il regarda son hunter se rasseoir dans son siège. Il lui proposa de le rammener chez lui... Sakito lui adressa un sourire légèrement triste, il n'avait vraiment pas envie de partir, de retrouver la maison vide de Toshiya qui serrait probablement encore de sortie, ni son appartement de Shibuya tout aussi vide... Quoique, vide pour vide, il préférait encore l'appartement. Il avait gardé intact la serviette avec laquelle Die avait essoré ses cheveux, pour conserver son odeur...

- Et si je te kidnappais?...

Sa voix s'était faite timide, presque hésitante, de peur que ça paraisse déplacé aux yeux du hunter. Pourtant, il n'y avait là aucun sous entendu malsain, comme l'indiquait le visage du jeune homme. Tout ce qu'il voulait c'était pouvoir se blottir dans les bras de Die... Après une si merveilleuse soirée il n'aurait jamais trouvé le sommeil en restant seul. Jugeant bon de se ratrapper pour ne pas parraitre trop aventureux, il reprit la parole d'une voix timide.

- Enfin... Si tu es d'accord... J'ai toujours mon appartement à Shibuya et... Et mon ami ne voit pas d'inconvénient si je rentre pas et... Et tu vas trop me manquer si tu pars...

Il se mordit légèrement la lèvre inférieure en finissant sa phrase, espérant sincèrement que Die n'aurait pas une mauvaise image de lui...

Le coeur de Die rata un battement. L'appartement? Shibuya? Pas de vampire, pas de clients à l'improviste, pas de Mizuki ronfleur. Juste Sakito, lui et un appartement silencieux. Die réfléchit un moment en se mordant les lèvres. Il fallait analyser tous les facteurs. Il n'était pas de garde ce soir. Mizuki pouvait changer ses pansements tout seul, manger tout seul, marcher tout seul, bref, se passer de Die. Pour Kyô, la question ne se posait même pas, le maréchal se demandait s'il savait encore qu'il existait. Aucune obligation de rentrer, alors. Ce serait la première fois qu'il découchait, depuis une paire d'années, et pour une raison autre que professionnelle. Il avait un peu l'impression de laisser tomber ses amis, voire de les abandonner à leurs risques et périls... mais la trahison était trop tentante, trop merveilleuse. Plus que tout ce qu'il avait pu imaginer. Ces bras dont il avait tant rêvé, cette main qui se posait sur sa joue, ces grands yeux qui ne cessaient de le déstabiliser. Il plongea une main dans le sachet de bonbons et en sortit un bleu qu'il mit dans sa bouche. Pour se redonner une contenance, et surtout retrouver l'usage de la parole.

- D'accord pour le kidnapping. Mais si jamais je me fais engueuler par mes supérieurs ce sera entièrement ta faute, précisa-t-il en riant.

Ni une ni deux, il démarra en deuxième. Dans un crissement de pneus et une gerbe de poussière.
Le trajet sembla durer une vie. Arrivé en ville, Die ne put réprimer un soupir. Il n'avait qu'une envie, c'était... bref, c'était que ce putain de feu passe au vert. Mais rien à faire, il s'obstinait l'animal. Le hunter ne résista pas à l'envie d'embrasser Sakito une nouvelle fois. Aussi, profitant d'un moment d'inadvertance de la part du beau jeune homme, il déposa un chaste baiser sur le coin de ses lèvres. Bref et éphémère, pour lui donner envie d'aller plus loin sans le brusquer. Mais aussi et surtout parce que le feu était vert. Le moteur gronda.
Shibuya 109 à midi.

[Suite à Shibuya. Closed]