Temps de merde [Sakito]

Ca y'est, Sakito ne vendait plus son cul. Enfin! Après 6 ans, son repos était bien mérité... La veille il était devenu "animal de compagnie de Toshiya"... Le vampire avait tenu sa promesse et avait laissé son cul tranquille pour la nuit. Le jeune humain espérait qu'il l'épargnerait encore quelques jours, son dernier client avait été particulièrement space et avait tenté de lui mettre un néon. Si si, ça existait, des fracas de ce genre. Sakito en avait connu de beaux, surtout au début de sa carrière quand il était pas encore assez respecté pour se permettre de refuser des clients. Mais maintenant il espérait bien que ça ne recommencerait plus, qu'on ne le rabaisserait plus jamais plus bas que terre.

Il était revenu à Shibuya pour récupérer ses affaires, seul puisque Toshiya avait à faire. Il avait marché depuis chez le maréchal, mais la pluie l'avait arrêté à une centaine de mètres de ce qui était anciennement la tour 109, qui désormais n'était plus qu'un vaste squat pour les humains. Sakito détestait la pluie, il avait toujours détesté ça... Les cheveux mouillés qui graissent à cause de cette saleté de flotte sale, les fringues qui puent... Non, berk. Pas pour lui. Le temps que l'averse se calme, il s'était donc installé au comptoir dans un bar et siroptait tranquillement un jus de pommes.

Un homme entra et s'installa non loin de lui, commandant un café. Sakito évita de le regarder, comme il évitait de regarder les autres hommes qui étaient pour la plupart d'anciens clients à lui, et qui n'hésitaient pas à se rapeller à voix haute toutes les fois où ils avaient eu le privilège de faire s'agenouiller l'humain et de lui fourer leur sales sexes dans la bouche. Plus jamais ça, plus jamais. Sakito ne pourrait plus recommencer ça, et d'ailleur il demandait cher, très cher pour une telle humiliation. Mais il ne se laisserait plus faire. Il se releva pour rajuster son haut, et un client du bar en profita pour lui mettre sa main sur les fesses. Forcément, un joli petit cul dans un short aussi court, ça attire. Sakito se retourna et lui demanda bien poliment d'aller se faire voir, précisant que le quartier des putes c'était pas ici. Puis, le plus naturellement du monde, il se rassit et acheva son jus de pommes. Il entendit l'homme à côté de lui faire un commentaire sur le temps et Sakito eut un sourire. Visiblement, tout le monde pensait pareil.

- Je vous le fait pas dire...

Il avait presque murmuré ces paroles, en tournant la tête vers l'homme qu'il pensa être un hunter. Il l'avait déjà vu quelque part, mais il ne se rappelait pas où...

Si Sakito n'avait pas été obligé de partir si brutalement la veille à cause des hunter qui en voulaient à Toshiya, il aurait mit un pantalon pour sortir... Tous ses vêtements étaient restés chez lui, dans l'ancienne tour 109, alors forcément il avait du remettre ce short qui lui servait d'uniforme de travail. Il avait juste emprunté un pull au vampire chez qui il vivait désormais, histoire de ne pas exhiber son ventre et limiter les risques de tomber malade. Les soins s'étaient rarifiés pour les humains depuis la guerre, alors vallait mieux rester en forme... Surtout avec une santé fragile comme Sakito, qui avait tendance à atrapper la grippe tous les mois en hiver, parfois même en été quand les nuits étaient fraiches.

Sakito regardait les autres clients du bar d'un air absent, ses longues jambes croisées de façon élégante. Certains, les hommes à l'esprit plus que dérangé, trouvaient ça provocant... Un code de logique permettait aux gens censés de comprendre qu'il s'agissait d'une forme de pudeur, car de cette façon le jeune homme montrait qu'il ne s'offrait pas comme ça, qu'il n'écartait pas les cuisses pour le premier venu. Oh oui, maintenant faudrait vraiment se faire désirer pour avoir le droit ne serrais-ce que de le voir nu, ou de pouvoir caresser la moindre petite parcelle de sa peau... Il n'était plus un objet.

Un café viennois arriva devant lui, et Sakito tourna la tête, ses yeux noirs se posant sur l'homme à côté de lui. Ses paroles le firent sourire, et doucement il prit la tasse entre ses mains, les réchauffant en attendant de pouvoir gouter à la boisson.

- Merci beaucoup, monsieur. C'est très aimable à vous...

Souriant toujours, Sakito le dévisagea avec courtoisie, essayant de se souvenir... Pour sur, il l'avait déjà croisé, il en avait la certitude! Mais pas moyen de se souvenir où et quand. Ni comment, allez savoir. Il but une gorgée du chocolat viennois, c'est vrai qu'il réchauffait plus qu'un jus de pommes avec des glaçons dedans. Il baissa les yeux, cherchant ses mots de façon visible, et les reposa de nouveau sur l'homme face à lui, avant de prendre la parole d'une voix très douce, comme à son habitude, d'un ton tout à fait naturel.

- Excusez moi mais... Ne nous sommes-nous pas déjà vus? J'ai... Comment dire... L'impression de vous avoir déjà rencontré...

Il était quasiment sur que ce n'était pas un de ses anciens clients... Non, ces hommes là n'étaient pas si polis, et ils offraient plutôt de la vodka pour que Sakito leur obéisse sans s'en rendre compte. Ce genre de comportement n'allait pas manquer au jeune homme, de sur!

Sakito n'était pas vraiment une pute de bas étage... Il ne l'avait été qu'au début, après il était passé quasiment au stade de pute de luxe. Seuls les riches, ou les économes arrivaient à louer ses services. Heureusement que depuis hier il n'avait plus besoin de s'abaisser à ça pour se payer à manger et ne pas mourir... C'était pas faute d'avoir cherché du travail, mais comme il n'avait pas pu passer son diplôme, il n'avait pas réussi à se faire embaucher pour un travail digne de ce nom. On lui avait proposé des boulots comme acteur de porno ou nettoyeur de chiottes... Et moins bien payé que de faire le tapin, alors il avait refusé.

L'homme déclara qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés, mais le doute persistait dans l'esprit de Sakito... Un homme beau comme lui, ça ne s'oublie pas facilement, alors si il avait cette impression c'est qu'ils s'étaient déjà croisés... L'ex-prostitué ne cessait de regarder son visage, son allure, son corps... Oui, il l'avait déjà vu, ça il en était sur et certain! Il en avait vu défiler, des hommes, en 6 ans, mais peu avaient retiré son attention. Si ça se trouve, il l'avait croisé alors qu'il attendait des clients, et peut-être que cet homme était passé devant lui. Il se présenta, et Sakito lui adressa un joli sourire.

- Sakito, enchanté ^^

Die... Die... Il avait aussi déjà entendu ce prénom, c'était le prénom d'un hunter. Là il en était sur et certain, ils s'étaient déjà rencontrés avant, ça ne faisait plus aucun doute. Il affiche un nouveau sourire, charmeur sans s'en rendre compte, et un homme vint l'accoster. Sur le coup, le jeune homme se sentit mal puisque c'était un de ses anciens habitués...

- Bonsoir, Sakito... Alors, tu n'es pas sur ton trottoir?
- J'y suis plus, plus jamais, partez maintenant.
- Dommage, tu me manques...
- Pas vous, trouvez vous quelqu'un d'autre!
- Tu me manques de respect là! Et si j'te forcais, tu dirais quoi?
- J'irai tout raconter à ta femme, vieux porc...

A ces menaces, l'homme s'en alla, et Sakito rajusta nerveusement son haut, se sentant vraiment minable sur le coup. Il baissa les yeux honteusement, jouant avec ses doigts. Il espérait que Die n'aurait pas honte d'être vu en sa compagnie, il aurait vraiment aimé faire plus ample connaissance avec lui.

- Ce... ce n'est pas ce que vous croyez...

Il releva un regard quasi suppliant vers lui, comme pour implorer son pardon... Comme il avait honte de lui et de ce qu'il était! Il réalisait que même en ne se prostituant plus, son passé le suivrait toujours...

Le regard de Die s'était assombri, et le jeune homme s'en voulait vraiment. Il se maudissait lui même, et maudissait cet abruti d'ex-client qui était venu foutre sa zone. Il avait baissé les yeux quand l'homme face à lui lui avait dit qu'il ne croyait rien... Son regard se releva quand il se leva pour partir, et ni une ni deux, Sakito ne prit pas le temps de réfléchir et le suivit dehors, atrappant son poignet pour qu'il se retourne vers lui. Il baissa honteusement les yeux et se mordit la lèvre inférieure.

- Je tiens à vous expliquer, même si vous vous en fichez surement...

Les paroles qu'il avait prononcées avant de partir avaient blessé le jeune homme, mais ça, il ne le dirait pas, il ne voulait pas que l'on s'appitoie sur son sort. Le pluie n'avait pas cessé, au contraire, mais en cet instant, être mouillé ou pas importait peu à Sakito. Il releva ses yeux tristes vers Die, et prit la parole d'un ton on ne peut plus sincère.

- Je pense pas que ça soit nécessaire de préciser qui était cet homme, vous avez du le comprendre par vous même... J'ai effectivement vendu mon corps, contre des sommes d'argent plus ou moins importantes. Maintenant, tout ça c'est fini, et ça recommencera pas. Croyez moi, j'ai honte d'avoir du m'abaisser à ça, mais comme la guerre a détruit mon école avant que j'aie pu avoir mes diplômes, pour ne pas mourir j'ai pas eu vraiment le choix. Je sais ce que les gens pensent des prostitués, qu'ils vendent leur cul pour se payer de la came. C'est pas mon cas... Libre à vous de me croire, mais si je fais ça c'est pour ne pas crever, juste pour me payer à manger, et pour pouvoir payer un détective privé pour m'aider à retrouver ma famille...

Doucement, le jeune homme relâcha le poignet de Die et baissa de nouveau les yeux, honteusement. Il recommencait à se sentir sale... Il ravala sa salive et releva les yeux vers l'homme face à lui.

- Mais je ne vais pas vous retenir... Je suis content d'avoir pu vous parler...

Les yeux baissés et l'échine courbée par la honte, Sakito s'éloigna, ne voulant pas recevoir d'autres remarques blessantes quant à ses anciennes activités. Sur le coup, il aurait voulu mourir pour qu'on lui foute la paix avec ça, et c'était bien la première fois qu'il ressentait cette honte de façon aussi forte. Les larmes coulaient, silencieuses, le long de ses joues pâles tandis que d'un pas lent il se dirigeait vers son ancien appartement.

Sa clope s'éteignit sous la pluie diluvienne. Il leva les yeux au ciel. Quel con. Il y aurait pu tomber sur n'importe quel minet à peu près intelligent et raffiné. Mais non, il fallait qu'il tombe sur une pute. Génial. Il jeta sa cigarette tout en marchant en direction du parking où l'attendait sa moto. Il allait fourrer ses mains dans ses poches quand une autre s'empara de son poignet. Il sursauta. Lorsqu'il fit volte-face, c'est sa pire crainte qui se matérialisait devant lui.

- Qu'est-ce que...

Avant qu'il n'ait pu ajouter quoi que ce soit, Sakito commença une explication dont aucun mot n'échappa au hunter. Il restait là, sous la pluie, à l'écouter parler. Sans ciller. Sans baisser les yeux. Sans rougir.
Retrouver sa famille? Le maréchal tiqua. Il était comme lui. Orphelin. Sans personne pour le mettre dans la bonne direction. Sans aucune épaule sur laquelle se consoler. Sans aucun bras auquel se soutenir. Enfin, lui avait trouvé Kyô. Ou plutôt Kyô l'avait trouvé. Et maintenant, sa famille, c'était ses deux supérieurs. Son boss vénéré, et sa grand-mère café. Mais apparemment Sakito n'avait pas eu autant de chance que lui.

- Je...

Pas le temps d'amorcer une bribe de phrase. Le jeune... travailleur du sexe... s'enfuyait dans la nuit tombante. die mit un moment avant de se décider. D'un côté il avait ses principes. De l'autre sa sensibilité. Il se frotta longuement la nuque avant de se ruer sur le jeune homme. Sans trop savoir pourquoi, il le rattrapa. Mit une main sur son épaule pour l'inciter à s'arrêter.
Die se posta face à lui. Prêt à dire quelque chose. L'ennui c'était... quoi? Il n'avait absolument pas réfléchi à ce qu'il allait dire. Aussi avait-il l'air d'un abruti fini.

- Sakito... Je... je suis désolé. Je n'aurais pas du vous juger aussi rapidement. Est-ce que... là, il ne pouvait s'empêcher de rougir, sa timidité ayant repris le dessus sur son assurance. Est-ce que vous... accepteriez... que je vous raccompagne jusque chez vous? Ma moto est à deux pas...

Première fois depuis longtemps qu'il pleurait... Son visage n'en était pas déformé, ses sourcils n'étaient pas froncés, ses lèvres n'étaient pas retroussées. Les larmes coulaient naturellement, faisant juste rougir ses grands yeux. Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas eu autant honte de lui, de ce qu'il était. Le reflet de son visage dans la vitre du kiosque lui inspira du dégout, alors que quelques minutes auparavant il lui aurait inspiré une grande fierté. Ah ça oui, il savait qu'il était beau... Mais c'était une pute, alors ça pardonnait pas, la beauté... Cet alibi servait juste avant pour pas se faire frapper, mais maintenant? Plus rien, il était et resterait une pute. Certes, Toshiya l'avait prit sous son aile mais il ne servait que d'animal de compagnie. Pis à vrai dire, il tenait pas spécialement à tenir aussi le rôle de sextoy à l'avenir... Mais il ne dirait rien, il essayerait de lui faire comprendre quand l'occasion se présentera. Lui qui rêvait depuis toujours d'un amour pur et sincère, il avait faux sur toute la ligne! Il avait trouvé un protecteur, mais il n'était pas question de sentiments entre eux. Et personnen ne voudrait d'un prostitué, c'est sur. Il commencait à regretter de ne pas avoir mourru avec les autres dans le métro, au bombardement, tiens!

Après quelques instants de réfléxion, Sakito sécha ses larmes, et alors qu'il s'apprêtait à tourner dans une autre rue, une main se posa sur son épaule. Il crispa son visage, pensant que c'était un client. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant Die face à lui! Il lui adressa un sourire lorsqu'il lui présenta des excuses qui n'avaient pas lieu d'être, après tout n'importe qui aurait réagi pareil... Il hocha doucement la tête quand Die lui proposa de le rammener chez lui.

- Je revenais juste chercher mes affaires chez moi, je dois retourner chez un ami qui m'a prit sous son aile... Mais j'accepte votre proposition. Vous pourriez vous sécher, et rester au sec en attendant que la pluie se calme...

Sakito préférait taire le nom de l'ami en question... C'était un vampire, et Die était un hunter. Deux clans opposés... Il ne voulait mettre personne en danger, et ne surtout pas prendre parti dans un conflit qui ne le regardait pas le moins du monde. Il adressa un sourire timide à l'homme face à lui.

- J'habite pas très loin d'ici, dans l'ancienne Tour 109...

Il se sentit rougir légèrement. Jamais avant il n'avait donné son adresse à qui que ce soit... Mais il n'y vivrait plus, du moins plus autant qu'avant puisqu'il devait aller chez Toshiya. Cet appartement à la tour 109 resterait quand même son chez lui, son seul petit coin de paradis dans la ville ravagée...

Sakito suivit le hunter jusqu'à un parking souterrain, et il afficha un sourire lorsqu'il posa son blouson sur ses épaules. C'était rare, qu'on soit attentionné avec lui... Il remercia poliment Die, et ils enfourchèrent sa moto. L'ex-prostitué n'y connaissait stricement rien en matière de motos, de voiture, de mécanique, mais il trouvait que la sienne était belle. Il aimait bien le vert... Ils roulèrent à une vitesse incroyable, Sakito s'accrochant à la taille de son ami, et ils ne tardèrent pas à arriver dans le parking de la tour où vivait le jeune homme. Die demandant à Sakito de le guider, ce dernier s'exécuta donc et passa devant, grimpant au cinquième étage par l'ascenceur qui pour une fois n'était pas en panne.

Sakito prit ses clés dans son sac et ouvrit la porte de son loft, assez grand puisqu'il s'agissait d'une ancienne boutique et de l'arrière-boutique qui allait avec. D'importants travaux avaient été faits pour rendre tout ça habitable, des cloisons avaient été posées, des fenêtres avaient été creusées, maintenant il y avait le chauffage et l'eau courante. Ils arrivèrent dans une entrée assez claire, la mumière provenait de quatre néons au dessus d'eux. Le jeune homme posa ses clés sur un petit meuble, et emmena Die jusqu'à la cuisine, décorée de façon moderne et classe, dans des tons contrastés aliant du gris métalique, assez clair, à un violet plutôt sombre et laqué.

- Je vais vous chercher de quoi vous sécher.

Sakito partit dans la salle de bains, prenant une grande serviette et enfilant au passage un pantalon propre, avant de revenir, une serviette sur les épaules pour absorber l'eau de ses cheveux, et tendant la grande serviette à Die. Il lui adressa un sourire timide et involontairement charmant.

- Désirez vous quelque chose? Un café, un thé, quelque chose à manger?

Il savait se comporter en hôte irréprochable, et respectueux. Chose que beaucoup de ses ex-collègues ne savaient pas faire... Une fois, un d'eux lui avait même dit que si il avait été une femme il aurait du devenir geisha. Cette remarque l'avait fait beaucoup rire sur le coup!

Les deux hommes essorèrent leurs cheveux, et Die refusa poliment le café, sa remarque sur son rapport au café faisant rire aussi l'ex prostitué. Pour sa part, il ne buvait jamais de café, simplement parce qu'il n'aimait pas le gout que ça avait. Mais il en gardait toujours un petit paquet chez lui, au cas où il aurait un hôte, ce qui arrivait une fois tous les siècles et demi... Il ne buvait que du thé, il trouvait ça plus rafiné, et moins énervant, de ce fait il s'en prépara un rapidement. Il s'approcha de Die et se mit près du radiateur aussi, pour avoir chaud. Il eut un sourire un peu rêveur et mélancolique à sa question qui n'avait rien de grossier à ses yeux.

- Oui, je vis seul ici...

Il n'ajouta rien à sa réponse, ne jugeant pas nécessaire de dire qu'il préférait vivre seul en attendant de rencontrer la personne avec qui il aurait envie de se fixer dans une relation sérieuse. Il n'avait pas vraiment d'amis, comme la plupart des prostitués, alors la collocation lui parraissait inimaginable. Mais maintenant il était chez Toshiya, alors il ne vivrait plus seul. Du moins, quand le vampire serrait à la maison... Un maréchal ne devait pas être souvent là, et Sakito espérait qu'il ne s'ennuierait pas trop, et qu'il ne l'avait pas prit comme "animal de compagnie" juste pour qu'il fasse son ménage, et dans l'espoir de pouvoir le sauter de temps en temps, parce que malgré sa gentillesse, Sakito avait un foutu caractère quand il était contrarié.

- Et vous?... Vous vivez seul aussi?

Il espérait que lui retourner la question ne semblerait pas trop osé... Il n'était pas du genre à vouloir entrer trop dans la vie privée des autres, mais sa curiosité était quant même présente comme chez chaque homme... Et puis, Die savait qu'il vivait seul, alors peut-être Sakito pouvait-il en savoir un peu plus de ce côté là vis à vis de son acolyte... Il tournait légèrement sa tasse de thé entre ses mains fines et en but une gorgée, avant de poser le récipient sur le rebord de la fenêtre près de laquelle ils étaient.

Die sourit. Il semblait trouver le tapis passionnant, ce qui aurait pu irriter Sakito, mais il l'écoutait bel et bien.

- Euh... pas exactement. Je vis avec deux hommes. Les plus grands crétins de la terre, lâcha-t-il en riant.

Soudain il se rendit compte que sa phrase pouvait porter à confusion. Aussi, pris de panique, il rougit et entreprit de clarifier ses propos.

- Euh, je ne suis pas... avec eux. Enfin il n'y a rien de suspect, c'est juste... Il soupira. C'est juste que je suis orphelin. J'ai fait la connaissance de ces deux-là, et ils m'ont accepté parmi eux. On vit sous le même toit, et on a le même boulot : chasser les vampires. Vous avez devant vous le second maréchal de l'ordre des Hunters, fit-il fièrement avec un air un peu théâtral destiné à détendre l'atmosphère.

Il était en effet très satisfait de ce qu'il était devenu. Un jeune homme robuste, sur-énergisé et toujours prêt à amuser la galerie, même si à force Zuki avait presque honte de travailler avec un clown pareil.
L'appartement n'était pas spécialement froid, mais la chemise du chasseur ne daignait pas sécher d'un centimètre. Aussi commença-t-il à trembler malgré tous ses efforts pour ne pas montrer qu'il était glacé jusqu'à la moelle.

- Dites, je peux retirer ma chemise? demanda-t-il en grelotant.

Les deux plus grands crétins de la terre? Sakito ouvrit de grands yeux étonnés en entendant le roux parler ainsi de ses colocataires. Il écouta attentivement les explications qu'il lui donna, et ça confirma ses pensées: il était un hunter. Il ne vallait donc mieux pas qu'il lui parle de Toshiya...

Il eut un sourire triste quand il lui avoua être orphelin... Il comprenait très bien que c'était dur de vivre sans parents... Sakito avait connu les siens, et ses soeurs, mais à présent Dieu seul savait si ils étaient encore en vie, et où ils étaient. Mais le jeune homme ne perdait pas espoir, il savait qu'un jour il les retouverait, il en avait la certitude au fond de lui même... Pour ça qu'il avait économisé pendant 6 afin de payer un détective privé, car lui ne savait pas par où commencer ses recherches... C'était vraiment quelque chose d'important pour lui, de les revoir, ne serrais-ce que pour leur dire ce qu'il n'avait pas eu le temps de faire: leur dire à quel point il les aime...

L'ex-prostitué se rendait compte qu'en fait, parmis les vampires et les hunter qu'il connaissait, il n'avait rencontré que des maréchaux! Ca le fit sourire légèrement et il laissa un léger rire passer ses lèvres à la mise en scène théâtrale de Die pour dévoiler son statut. Il lui demanda si il pouvait retirer sa chemise, et Sakito répondit d'un air très serein.

- Bien sur, il ne faut pas que vous tombiez malade. Voulez-vous que je vous prête une chemise propre, ou un pull?

Les deux hommes faisaient presque la même taille, quoique Die soit un peu plus grand et plus musclé. Mais le jeune homme avait des vêtements qui pourraient lui aller alors si besoin il pouvait lui prêter.

Le hunter adressa un sourire reconnaissant à son hôte et se décolla du radiateur avec regret.

- Oui, une chemise, ce serait super, affirma-t-il.

Pendant que Sakito s'éloignait dans les ténèbres de l'appartement en quête d'une chemise qui pourrait aller au grand dadet, ce dernier défit un par un les boutons de la sienne. Le tissu imbibé d'eau lui collait à la peau depuis qu'il était sorti du café, aussi il laissa échapper un soupire de contentement en retirant la chemise. Son torse nu à la musculature sèche était strié d'une bande stérilisées qui entouraient également son épaule droite. Cette saloperie de vampire... La nuit où Mizuki et lui avaient eu affaire à deux d'entre eux. La griffure était profonde. Il garderait ces pansements pendant deux bonnes semaines. Mais ce n'était rien comparé à la hanche du premier maréchal qui pissait le sang à la moindre occasion, l'obligeant à renouveler les bandages au moins deux fois par jour, si ce n'était plus. Sale vie que celle de chasseur. Mais bon, au moins cette nuit là ils ne s'étaient pas ennuyés. Et ils étaient toujours en vie. donc finalement, si on relativise, ça n'avait pas été une expérience si traumatisante.

Habituellement d'une nature plutôt désorganisée voire bordélique, Die prit pourtant soin de plier sa chemise en deux pour la poser sur le radiateur. Il alla coller ses fesses audit radiateur sans plus tarder, les bras croisés sur son torse glacé. Dieu qu'il détestait ces jours de pluie, de vent et de froid...

Lorsque son hôte revint avec le vêtement propre, il le prit (le vêtement) délicatement sans oublier d'effleurer la main de Sakito. Il en avait rêvé depuis qu'il les avait vues se réchauffer contre la tasse de chocolat chaud. Après l'avoir poliment remercier, il enfila la chemise qui, certes, moulait légèrement ses formes, mais était particulièrement douce et chaude. Il commençait enfin à ne plus greloter. C'était déjà ça.

- Si avec ça il existe encore une femme sur terre qui ne fantasme pas sur moi en me croisant dans la rue, je me rase la tête! plaisanta-t-il.

Il éclata de rire en se regardant. Déboutonna les manches pour se donner un air un peu plus rebelle.

Sakito hocha la tête et partit fouiller dans ses vêtements pour trouver une chemise qui irait au hunter. Il en retrouva une qui lui allait un peu grand et la lui porta. Il ne put retenir un sourire léger et très discret en le voyant torse nu. Faut bien avouer, il était vraiment beau... La politesse fit que l'ex-prostitué garda cette pensée pour lui. Il évita de laisser son regard se poser un peu trop sur lui, pour ne pas parraite indécent, et lui tendit la chemise en souriant. Bien entendu, il ne manqua pas de rougir et de ressentir un léger frisson lorsque les doigts de Die effleurèrent les siens, mais il garda tout commentaire pour lui une nouvelle fois. Sans dire mot, il le regarda enfiler la chemise, trouvant qu'il était vraiment élégant avec ce vêtement.

Sa remarque le fit rire aussi, il aimait bien ce ton narcissique, ça changeait des gens qui se dévalorisaient tout le temps. Selon lui c'était préférable d'être trop sur de ses atouts plutôt que d'en douter et de les nier. Il n'osa pas dire qu'il n'y avait pas que les femmes qui risquaient de fantasmer sur lui...

- C'est sur ^^ en tout cas, cela vous va à ravir comme style!

De toute façon, Sakito avait toujours préféré les chemises aux corsets, même si ça lui arrivait d'en mettre avant. Heureusement, ils allaient enfin rester définitivement enfermés dans son placard! Il ne les emmènerait pas chez Toshiya, il n'en aurait pas besoin de toute façon si ce qu'il voulait était réellement une simple "compagnie" sans rien qui se passe sous la couette. Enfin, il pourrait mettre en journée ses t-shirt larges, ses tenues classes et pas dégradantes, enfin il pourrait avoir un peu d'humanité! Il n'e revenait toujours pas d'avoir enfin quitté le trottoir, et n'avait pas encore pleinement conscience de la liberté qu'il avait à présent... Tout ça était tellement incroyable, presque irréel pour lui!

Sous le compliment, Die, toujours à l'affût de la moindre plaisanterie, s'inclina respectueusement en mimant un un chapeau retiré. Sans aucune gêne, ce qui était très étrange venant de lui -en effet il savait toujours faire le pitre avec n'importe qui, mais jamais en présence de personnes qui l'intéressaient-, il saisit la main de son interlocuteur et y posa ses lèvres délicatement.

- C'est un honneur que de pouvoir porter l'un de vos vêtements, cher Monsieur.

Il se redressa avec un clin d'oeil sans lâcher le douce main dont le simple contact le ravissait. Osa faire un pas vers Sakito, baissant les yeux sur ces lèvres insolentes... Sans parvenir à bouger. Il ne se rendit compte que trop tard il était allé si loin. Ses tripes déjà nouées par la peur. Son coeur battant dans ses tempes. Pas moyen d'esquisser le moindre geste.

- Sakito... vous avais-je déjà dit que... que vous...

Au final il ne fut pas plus avancé. Aucun mot un tantinet intelligent ne daignait lui venir à l'esprit. Il tenait toujours la main de son ami mais se sentait ridicule au possible. Rouge de gêne, il lâcha cette main. Ce qui fut une très mauvaise idée.

Il n'eut pas le temps de se mettre à couvert que la vitre à côté d'eux venait d'exploser. Un poids s'effondra sur lui. Un poing sur son visage. Il mit quelques secondes à réaliser ce qui se passait. Et c'est en voyant une paire de gants noirs empoigner les bras de Sakito qu'il réagit. Son sang ne fit qu'un tour. Il se jeta sur l'intrus. Offrit à sa mâchoire une généreuse droite.

Die parvint finalement à immobiliser son ennemi à terre. Retira sa cagoule. Ouvrit de grands yeux face aux canines disproportionnées. Un vampire? Ici?

- Qu'est-ce que tu lui veux, raclure?!

Le monstre ne répondit rien. Au lieu de quoi il profita du regard que Die posa sur Sakito pour envoyer se dernier dans le décor et filer par là où il était entré. Die se précipita vers la fenêtre. Vit le vampire s'éloigner sur le toit de l'immeuble voisin. C'est dans ce genre de cas qu'on regrette d'être allergique aux armes à feu. Tant pis, qu'il se barre.
Die se tourna vers Sakito et s'approcha de lui, inquiet.

- Vous n'avez rien?

Die s'inclina, faisant mine d'ôter un chapeau, ce qui fit sourire le jeune homme qui ne put s'empêcher de rougir au baise-main qu'il lui accorda. Ce contact était vraiment agréable, et courtois, ce qui était rarissime en ce monde. Sakito ne trouvait pas que ça soit un tel honneur que de porter ses vêtements, après tout il était un homme banal et n'avait rien de plus qu'un autre... Il regarda le hunter se rapprocher de lui, ne bougeant pas, rougissant légèrement au début de sa phrase, et se rendant compte que sa main n'avait pas quitté la sienne. Par instinct, Sakito resserra très légèrement ses doigts fins sur les siens, et baissa les yeux lorsqu'il la retira. Il ne put jamais savoir la fin de sa phrase, car la vitre vola en éclat, faisant crier le jeune homme qui se retrouva bien vite au sol, ne réalisant pas ce qui se passait. Il se fit empoigner, mais avant d'avoir pu se faire emmener, Die vola à son secours, mettant à terre l'homme qui s'avéra être un vampire, mais qui partit rapidement par où il était venu.

Tout s'était passé si vite que Sakito était à moitié en état de choc... Il ne réalisa ce qui s'était passé que lorsque son beau sauveur lui parla, lui demandant si il avait quelque chose.

- Non... Grâce à vous...

Il adressa un chaleureux sourire au roux, et remarqua une trace de sang sur sa lèvre. Visiblement, le coup de poing du vampire avait été assez fort pour lui ouvrir la lèvre. Il lui fit signe de ne pas bouger, le choc ayant peut-être endomagé ses sens et donc sa perception des volumes, et il partit chercher de quoi désinfecter sa blessure. Il se remit au sol, près de Die, et l'ausculta d'un air inquiet, vérifiant si aucune autre lésion n'avait été causée. Doucement, il tamponna du produit désinfectant -et non piquant- sur sa lèvre, faisant attention à ne pas lui faire mal.

- Vous n'avez rien d'autre? Il ne vous a pas blessé?

Son ton se voulait inquiet, comme à chaque fois qu'il voyait sous ses propres yeux quelqu'un à qui il était attaché se faire blesser. Mine de rien, il n'avait pas fallu beaucoup de temps pour que Sakito s'attache à cet homme... Dans un geste de pure et innocente tendresse, il passa sa main sur sa joue, avant de le prendre doucement contre lui, posant sa tête contre son torse.

- J'ai eu peur qu'il ne vous cause de gros dommages...

Die soupira. A peu près aussi rassuré que s'il venait d'apprendre que finalement l'apocalypse n'était pas prévu pour tout de suite. Il rendit un sourire timide à Sakito.

- J'vous en prie. C'est normal.

Bon, c'est vrai que ce geste avait été des plus naturels. Il avait juré de protéger la race humaine, et il n'avait qu'une seule parole. Mais pour Sakito c'était différent. Il y avait plus qu'une simple générosité... Mais il ne jugea pas nécessaire d'en faire part au jeune homme qui de toute façon avait déjà disparu du salon. Die haussa un sourcil en le voyant revenir avec du coton et du désinfectant. Décidément, ces derniers jours il en faisait une consommation hallucinante. Il sourit. Grimaça de douleur. Effectivement, la lèvre inférieure avait morflé. Mais bon... comparé à la griffure qui décorait son épaule, ce n'était rien de bien méchant.

Le chasseur se laissa faire. Le désinfectant n'était pas piquant, et Sakito mettait un soin tout particulier à ne pas appuyer trop fort. Ca changeait des soins de Mizuki qui n'y allait jamais avec le dos de la cuillière... Et puis, ce visage d'ange à quelques centimètres du sien aurait pu lui faire oublier n'importe quelle douleur. De ça il était persuadé.

- Non non, je n'ai rien. Votre chevalier servant se porte comme un charme!

Et quel charme... Il fallait qu'il arrête, sinon Die ne pourrait pas se retenir de l'embrasser plus longtemps. Sa main chaude sur sa joue le fit sourit. Il eut un mouvement de recul. Tentative de fuite particulièrement vaine. Il se retrouva dans les bras de son hôte. Ouvrant des yeux ronds comme des soucoupes, il mit une éternité à retrouver toutes ses fonctions intellectuelles. D'un geste presque mécanique il caressa les cheveux de Sakito qu'il soupçonnait d'être en état de choc et de ne pas vraiment réaliser ce qu'il faisait.

- Ah... euh... c'est gentil. Enfin, ne vous inquiétez pas, les vampires c'est mon pain quotidien.

Il se râcla la gorge, incertain de la marche à suivre. Puis mit fin à l'étreinte, non sans regret. Planta son regard dans les grands yeux noirs.

- C'est étrange, les vampires ne s'aventurent pas comme ça chez des humains sans raison. Qui plus est à une heure ou l'humain en question n'est pas encore censé dormir, et à un si haut étage... Vous n'auriez pas un ami, une connaissance... un... ancien client -ce mot lui écorcha la bouche- ... qui serait en relation avec des vampires?

Sakito fut rassuré que Die n'aie rien de plus grave que cette coupure à la lèvre, car niveau soins il ne savait faire que le strict minimum. Recoudre des plaies, opérer, tout ça... Il ne savait pas faire, il n'avait pas été assez loin dans les études. C'était regretable pour lui qui avait toujours rêvé de devenir médecin ou chirurgien, enfin... qui avait toujurs voulu aider les autres du mieux possible! Cette idée s'était renforcée quand il s'était réveillé dans les décombres du métro, au milieu d'autres corps plus où moins encore en vie... ca avait du être un sacré festin pour les vampires, et un sacré terrain de chasse pour les hunter, ce jour là. Foutue bombe...

Lorsque Die se dégagea de son étreinte il fut un peu déçu, et rougit, de peur qu'il aie trouvé ce geste déplacé... Il s'était senti bien près de lui, et avait même failli ronronner en sentant ses doigts dans ses cheveux. Il affectionnait beaucoup ce genre d'étreintes innocentes. Il se sentit intimidé quand Die planta son regard dans le sien, et ses paroles lui firent froncer les sourcils, source de réfléxion, même si il n'avait pas besoin de chercher bien loin...

- 6 de mes anciens... clients... sont des vampires, et l'homme qui m'a sorti du trottoir et chez qui je vis est un vampire également...

Il tenta de réfléchir un instant, mais remarqua que ce qu'il avait dit à propos de Toshiya pouvait prêter à confusion. Il chercha ses mots et finalement donna une explication en souriant le plus sincèrement du monde.

- Chez qui je vis enfin... Il m'a sorti de la rue, et je dois juste lui tenir compagnie en tout bien tout honneur, car il supporte mal la solitude...

Toshiya était respectueux envers lui, et Sakito le lui rendait bien. Il se plaisait plutôt bien chez lui, il adorait sa maison qui ressemblait à un manoir du XVIIème siècle. De plus, chez lui il avait une chambre pour lui tout seul, avec un grand lit comme il n'en avait jamais eu, tout était grand et joli! Il sortit de ses réfléxions sur la décoration pour se reporter sur l'agresseur qui venait de frapper.

- Pensez-vous que ça puisse avoir un lien? Mais... Pourquoi m'attaquer?

Il ne comprenait jamais très bien le comportement des autres... Il ne comprenait pas la guerre entre hunters et vampires, car selon lui ils n'y avait pas grande différence entre les deux genres. Et puis comme il disait souvent, "y'a des imbéciles partout", aussi bien chez un genre que l'autre.

Die ne semblait pas satisfait de la réponse du jeune homme, qui baissa honteusement les yeux, jouant avec sa bague... Il évita de parler, de peur d'aggraver la situation. Nerveusement, il se mordit la lèvre inférieure, prit de peur que le hunter s'en aille de nouveau... Si il l'avait fait, Sakito l'aurait encore ratrappé! Non pas qu'il veuille le forcer à rester vers lui, mais il ne voulait pas le voir s'éloigner... Le roux reprit la parole et l'ex-prostitué releva les yeux vers lui, un regard inquiet. Il posa la main sur son bras et lui adressa un sourire à la fois tendre et amusé.

- Vous savez, le vampire qui m'héberge est quelqu'un de bien, j'en ai la conviction. Il m'a juré de ne rien me faire de mal, et de ne jamais me forcer à coucher avec lui... Vous vous doutez bien que je ne risque pas d'accepter d'avances de sa part. Il m'a prit sous son aile car il a connu la même situation que moi, il me comprend. C'est un ami pour moi, un grand frère... Je sais que vous haïssez les vampires, c'est votre métier qui veut ça et je ne vous en veut pas... Mais sachez que je ne prends pas parti dans les conflits, il y a des salauds dans tous les camps, qu'ils soient vampires, hunters, prostitués... Ne m'en voulez pas de rester impartial...

Il n'en voulait pas à Die de ne pas aimer les vampires, après tout chacun son truc, mais il ne comprenait pas ce qui motivait une telle haine. Et sans compréhension, l'impartialité s'imposait. Il était un humain normal. Pas un hunter. Pas un vampire. Alors pour lui prendre parti pour l'un ou l'autre était tout bonnement stupide.

Il adressa un autre sourire au hunter face à lui, et baissa les yeux timidement, souriant toujours. Il adorait Toshiya, vraiment, même si il était fou à lier d'aimer une poupée... Il avait confiance en lui et savait qu'il ne lui ferrait pas de mal. D'ailleurs, il lui laissait sa liberté et c'était vraiment rassurant pour Sakito.

Bien entendu Die ne perdit pas une miette des propos de son vis-à-vis. Mais il n'arrivait pas à se faire à cette idée. C'était trop difficile pour lui. Mais il n'avait aucun droit, rien à dire, rien à exiger. Il pouvait juste espérer que Sakito avait raison, que ce vampire était un tant soit peu correct avec lui. Et ce jura que si tel n'était pas le cas, le sang coulerait.

- Soit. J'espère que vous ne vous trompez pas sur son compte. Quoi qu'il en soit, méfiez-vous de ces bestioles. Le mensonge, la tromperie... c'est leur lot quotidien. Et si... si jamais vous aviez un doute sur quoi que ce soit, venez me voir au Quartier Général des Hunter. Enfin, même si vous n'avez rien de spécial à nous apprendre. Si vous passez par là, que vous avez besoin d'un peu de compagnie humaine... Bref, pour n'importe quoi, les portes vous seront toujours ouvertes. Sachez-le.

La teinte rosée de ses joues s'était accompagnée d'un sourire discret. Il ne savait pas s'il était parvenu à faire passer le message correctement. Il regarda aux alentours, trouva un stylo. Griffonna sur un bout de papier qui traînait par là. Retourna auprès de son hôte.

- Je vous ai noté mon numéro perso. Vous pouvez m'appeler à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Vous ne me dérangerez pas. De toute façon pour le peu que je dors... ajouta-t-il en souriant.

Un long silence s'ensuivit. Ce grand dadet n'osant ajouter quoi que ce soit, et n'ayant d'ailleurs par la moindre idée de quoi dire. Il regarda par la fenêtre. Dehors, la nuit commençait à tomber, assez rapidement d'ailleurs- et bientôt les vampires seraient de sortie. Avec un Kyô toujours en vadrouille à droite à gauche et un Mizuki blessé, il devait se dépêcher de rentrer. Qui plus est la pluie avait cessé. Une aubaine.

- Je vais rentrer. L'un de mes collègues est blessé, et il commence à faire nuit. Ces derniers temps on a de plus en plus de visites... inattendues. Je ne vous propose pas de vous emmener chez ce vampire, je suppose que vous n'avez pas le droit de montrer leur cachète à l'un des nôtres.

Sur ce, il se dirigea vers le hall où il trouva ses chaussettes et ses rangers qu'il enfila et laça avant de remettre son blouson. Malgré tout il n'avait pas la moindre envie de passer la porte maintenant. De s'enfuir comme un voleur. Il avait la certitude d'avoir oublié quelque chose d'extrêmement important. Il s'approcha de Sakito qui -en hôte modèle- l'avait suivi dans le hall. Prit sa main entre les siennes.

- Merci beaucoup pour cette soirée. Mais euh... si vous avez le temps et l'envie... peut être pourrais-je vous inviter à dîner?

Rouge jusqu'aux oreilles, le chasseur avait fini sa phrase d'un souffle. Il ne savait absolument pas à quoi s'attendre. Pour cause il n'avait pas proposé ça sérieusement depuis des mois. D'ailleurs il lui semblait que sa dernière relation sérieuse remontait à des années. En fait... tout bien considéré, elle remontait à des années.