rencontre au clair de lune [ Sakito ]

Toshiya s'ennuyait. Oui, il s'ennuyait terriblement. Pour l'instant, il n'avait pas grand chose à faire. Il était comme à son habitude vêtu de manière très vulgaire, une paire de menottes à la ceinture, un colier de chien autour du cou, il tout petit short, un porte jarretelles et un petit haut. Il fessait assez frais cette nuit, mais mal grès le froid mordant, plusieurs putes étaient sur le trottoir. Toshiya en fessait partie. Pas qu'il se prostituait, non, plus maintenant. Il attendait juste qu'un type assez naïf vienne l'aborder, pour le tuer. ça l'amusait, de tuer ces porcs. Il avait tant souffert, durant un peu plus de trois ans. Il avait décider de se venger. Il n'était jusqu'à lors jamais tombé sur un hunter comme client. Mais si l'occasion se présentait, il le tuerai de sang froid, et devant tout le monde! Pour donner l'exemple aux humains présents, de la toute puissance des vampires. Un hunter isolé... ça parait presque aussi improbable qu'un vampire loin du manoir, seul, sans armes. Surtout le maréchal... Mais qui se méfierai d'un grand brun sexy qui donne l'impression de n'attendre qu'un client pour se aller faire mettre au premier coin de rue? Souriant, il sort une cigarette de son paquet, avant de l'allumer et regarder le ciel. Il ne pensait pas. Il admirait simplement la lune, tout en fumant, appuyé contre un lampadaire.
Toshiya était certainement l'un des plus beaux ici. Grand, androgyne, jeune, mince et sexy. Il avait tout à fait le physique de l'emploi. Pour ça qu'a l'époque, quand il était contraint de vendre son corps, son proxénète le vendait plus cher que les autres. D'ailleurs, il s'était fait une joie de le tuer!... quel salaud. Il avait profiter de Toshiya, encore trop inexpérimenté, affaibli moralement par le décès de son "père". Une pute suceuse de sang, et aussi suceuse tout court. ça en excitait plus d'un de soumettre un vampire. Soupirant, il ferme les yeux, et expire doucement la fumée... préférant oublier cette sombre époque.

Comme tous les soirs, Sakito était sur son trottoir. La pluie brouillait sa vue, et à cause de ça il n'avait eu que deux clients dans la journée. 22 heures... Sa peau lisse comme la roche d'habitude était toute capitonnée à cause du froid, et sa mâchoire claquait. Il ne cachait que peu son corps, laissant apparaitre ses jambes longues et fines ainsi que son ventre presque plat, sur lequel on pouvait deviner de légers abdos, sculptés par les "efforts physiques quotidiens". Il ne se plaignait pas spécialement de sa situation cependant, car comme il disait souvent, ça pourrait être pire. Il se faisait battre de temps en temps par des clients, mais il aurait très bien pu se faire tuer. Sa façon de toujours relativiser énervait parfois les gens.

Etant dans un coin en retrait, et étant donné le nombre de prostitués sur le trottoir, on ne le voyait presque pas. Pour attirer un peu l'attention sur lui, mais aussi pour détendre ses jambes raidies par deux heures d'immobilité, il remonta la rue, à l'abris sous son parapluie qu'il tenait de façon élégante, le regard haut mais pas hautain, et un très vague sourire aux lèvres. Il repensant à son enfance... Ca le rendait heureux, et ce grand optimiste utopiste était persuadé qu'un jour, tout redeviendrait comme avant. Quelques remarques désobligeantes parvinrent à ses oreilles et il baissa la tête. Non pas par peur, mais par respect car s'imposer n'était pas dans ses habitudes.

Marchant le regard bas, il rentra dans un de ses collègues, faisant tomber son parapluie. Il se sentit rougir, gêné de déranger et s'inclina poliment, en profitant pour ramasser le parapluie. Son regard se posa sur un homme grand, plus que lui, beau, androgyne. Une aura de vampire par contre, et Sakito pensa que ce n'était pas un prostitué. Peut-être un proxénète? Ne voulant pas se mettre un patron sur le dos, il baissa les yeux.

- Pardon, monsieur... fit-il d'une voix douce.

Il se protégea de nouveau de la pluie avec l'objet qu'il avait à la main, et s'éloigna doucement, laissant ses hanches balancer de façon aussi sexy qu'inconsciente dans son mini-short.

Il regardait toujours la lune, quand quelqu'un le percuta. Regardant alors le jeune homme, il l'entend s'excuser avec une voix très douce, puis le regarde s'éloigner d'une démarche sexy. Il avait entendu les autres se moquer de lui. Pourquoi? Il était tout à fait charmant. Marchant rapidement, il lui attrape le poignet et le fait se retourner face à lui. Il était à présent trempé. Mais quelle importance? Le froid de la pluie de l'incommodait pas le moins du monde.

Contemplant un petit moment le brunet sans rien dire ni sourire, il enlève délicatement quelques mèches mouillées de devant son beau visage et lui caresse la joue, penchant ensuite la tête sur le côté, toujours son poignet dans la main. Calmement, il lui effleure les lèvres du bout des doigts puis regarde par dessus son épaule. Il connaissait ces types. Des putes, qui l'avaient également embêter autrefois, même frapper un soir. Prenant son habituel air hautain, il reporte son attention sur le brun, et parle fort pour que tous l'entendent:

-Ne fait pas attention à eux. Ils sont stupides. Tout ce qu'ils savent faire, c'est ouvrir les braguettes et se défoncer à la cocaïne pour tenir debout.

Puis, plus doucement, il murmure presque pour que seul le petit l'entendes:

-Tu as compris qui je suis, hein?... tu m'as l'air plutôt futé gamin. Qui c'est ton maquereau ?

Sakito se retourna en sentant quelqu'un lui attraper le poignet, et vit l'homme qu'il avait percuté. Croyant qu'il allait se faire engueuler, il baissa la tête d'un air penaud, mais en l'entendant parler il releva vivement les yeux, un air de surprise sur le visage. Il afficha un léger sourire et acquiesça doucement.

- Oh, ce n'est rien, j'ai l'habitude! ^^

Il adressa un joli sourire à l'homme face à lui, mais le perdit en entendant la suite de ses paroles. Un proxénète... Sakito fit une mine quelque peu embarasséee, pour camouffler le fait qu'il cherchait un prétexte pourri pour ne pas avoir d'embrouilles. Il voulut dire qu'il ne connaissait pas le nom de son maquereau, mais malheureusement son honnêteté prima et il fut incapable de sortir le moindre mensonge.

- Je n'en ai pas, monsieur...

Se rendant compte de sa bourde, il se mordit violament l'intérieur de la joue, baissant de nouveau les yeux. Prions pour qu'il ne se fasse pas embarquer, il tenait à garder son indépendance! Au moins, il pouvait garder pour lui tout l'argent que les clients lui donnaient. Il essaya de trouver une solution, quelque chose à dire pour se défense mais en ouvrant la bouche, il n'arrangea surement pas les choses.

- Pourquoi? Vous auriez voulu lui rapporter de l'argent en m'aidant à trouver des clients?

Si il avait été seul, il se serrait frappé... Il ne le fit pas, pour qu'on ne le prenne pas pour un fou. Il se contenta de rougir, et de bredouiller quelques mots parfaitement incompréhensibles...

Soupirant, exaspéré, il se penches et continue de lui parler:

-Surtout que je veux pas avoir d'ennui. Je connais toutes les putes ici, et toutes me connaissent, comme les maquereaux. Et toi, je t'ai jamais vu, et j'aime pas ça du tout... soit t'est nouveau dans le coin, ou alors tu trafiques quelque chose de louche. Tu m'a pas l'air d'être un hunter... mais t'est peut être un mouchard. Alors maintenant, deux options s'offrent à toi:

Regardant une nouvelle fois par dessus son épaule, peu rassuré de voir des proxénètes arriver au loin en voiture, faisant leur petit tour pour vérifier que leurs putes sont au travail, il le prends par le poignet et le traine dans un petit coin sombre, le plaquant contre le mur, se mettant devant lui, pour lui sourire mauvaisement:

-Soit tu me dis de quel côté tu est, et je te laisse la vie sauve, ou alors tu me ment, et je te laisse agoniser lentement au fond d'une cage, où je viendrai violer ton joli petit cul tout les soirs... jusqu'à ce que je t'achèves, lassé de toujours avoir le même jouet.

Il était tout ce qu'il y a de plus sérieux. Si ce petit le prenait pour un con, il allait amèrement le regretter. Attendant que les voitures passent, rassuré que les hunters ne se soient pas glissés au milieu pour chasser le vampire, il l'embrasse de force et reprends calmement:

-Alors maintenant, dis moi pour QUI tu travaille, et qu'est que tu fous ici. ça m'embêterai de devoir te tuer... quel âge as-tu? Dix neuf?... Dix sept?

Visiblement, cet homme n'avait pas l'air de le croire. Il se fit trainer de force dans un coin sombre, et eut peur en entendant les menaces. Il tenta de tourner la tête quand le type face à lui l'embrassa, et il le regarda avec un air tout ce qu'il y a de plus sincère. D'un revers de main il ôta des mèches de son front et regarda de nouveau le vampire qui le regardait avec un air des plus mauvais.

- Je ne vois pas quel intérêt j'aurai à vous mentir! Je ne travaille pour personne, vous pouvez aller vérifier auprès des autres types et de mes clients! Et je pense qu'ici, je fais la même chose que les autres: je vend mon corps, je bosse sur le même trottoir depuis presque 6 ans, et je ne travaille que pour moi seul parce que c'est toujours mieux que se laisser crever.

Il était un des plus vieux ici... Pourtant 23 ans c'est pas âgé, mais beaucoup de ses collègues se faisaient battre par leur maquereau, et trouvaient la mort avant l'âge de 20 ans... Triste sort, et Sakito avait de la peine pour ces pauvres types qui n'avaient rien demandé à personne à part exister un tant soit peu...

- Et pour répondre à votre question, j'ai 23 ans, et si là non plus vous me croyez pas je peux vous montrer ma carte d'identité!

Sakito ne s'énervait pas, il crevait juste de trouille et ça pouvait le rendre bavard, et quelque peu agressif... Mais en même temps il n'avait rien fait de mal, et de ce fait il n'avait rien à se reprocher vis à vis du vampire. Il voulut partir mais n'osa pas, de peur de se faire encore engueuler pour rien...

-vingt... vingt... vingt trois ans?!

Choqué de voir que le brunet était si "agé", il le détaille et lui soulève le menton pour mieux l'examiner. C'est vrai qu'il n'avait plus l'air d'un adolescent, lui non plus. Mais... de là à lui donner vingt trois ans! Bêtement, Toshiya le regardes.

-J'en ai que vingt et un, et j'ai travailler comme pute durant trois ans et demi.

Puis, gêné, il baisse les yeux, restant tout de même aux aguets. Les rues ne sont pas sures, et ça il le savait bien. Il lui arrivait d'ailleurs souvent de faire des cauchemars. Il revoyait ces types lui tomber dessus, et s'amuser à le soumettre encore plus que n'importe quelle autre pute. Ils prenaient tous un malin plaisir. Se faire sucer par un vampire qui a les mains liées, une laisse autour du cou, et que vous pouvez faire pleurer, que vous pouvez violer, insulter sans risquer de se faire tuer... fermant les yeux, essayant d'oublier tout ça, il prends Sakito par la taille et lui sourit tendrement.

-Viens. Je vais faire en sorte que ces types ne t'embêtent plus et te respectent comme ils me respectent moi.

Mais... ça n'allait pas être gratuit. Toshiya avait dans l'idée de faire de Sakito son petit animal de compagnie... qu'il pourrait cajoler. Il serait certainement plus démonstratif que Julia.

-Et je peux même te sortir de la prostitution... faire en sorte que tu ne manques plus jamais de rien... tu acceptes le marché, ou j'utilise la force?

Visiblement, le vampire était plus jeune que Sakito à en juger par sa réaction. Sa pensée fut confirmée lorsqu'il lui déclara qu'il avait 21 ans. Mais l'humain ne le jugeait pas sur son âge, après tout il était peut-être plus jeune mais il en imposait plus physiquement, et psychologiquement à cause de son statut de vampire. Visiblement, il avait du se prostituer aussi, mais il avait réussi à arrêter, le veinard! Sakito ne cherchait pas spécialement à arrêter, à force ça ne le dégoutait plus, il se disait que c'était toujours un repas de payé...

L'attitude du vampire changea, et l'humain ouvrit de grands yeux lorsqu'il le prit par la taille, son sourire mauvais se faisant plus tendre. Bien sur, il avait deviné que sa proposition ne serrait pas gratuite, après tout il était un homme et pour un homme, tout se paye un jour, d'une façon ou d'aune autre, et en nature de préférence.
N'étant pas dupe, Sakito s'écarta légèrement, regardant le vampire.

- Vous n'aurez pas besoin de la force, mais à deux conditions seulement.

Son regard était on ne peut plus sérieux, et il serrait intranssigeant sur ses conditions. Il n'avait pas envie de se faire traiter comme un abruti...

- Premièrement, vous devez promettre de ne jamais me frapper...

Il ne supportait pas la violence, et il avait assez des autres prostitués et des clients qui s'en prennaient à lui. Mais il était un flan et ne se plaignait jamais, se contentant d'encaisser bravement. Il ne pleurait jamais à cause de ça, même une fois seul chez lui.

- Et deuxièmement... Je m'apelle Sakito, et vous?

Il afficha un sourire magnifique, et son visage fut plus détendu... Mais ça ne voulait pas dire qu'il oubliait sa première condition!

Regardant le jeune s'éloigner, il l'écoute imposer ses conditions. Ne pas le frapper, et lui dire son prénom. Soupirant, Toshiya lève les yeux vers les toits, s'assurant que personne n'est dans les environs. Si un hunter était dans le coin, et entendait son petit nom, il allait devoir se battre et tuer devant Sakito.

-Je n'ai pas l'intention de te frapper. Je veux juste quelqu'un à cajoler, qui se montre reconnaissant et qui m'apporte tendresse et affection, trouver quelqu'un quand je rentre, ne plus trouver un chez moi affreusement vide de vie.

Détournant le regard, il lâche ses hanches. Si jamais il tentait de s'échapper, il n'irai pas bien loin... soupirant un coup, il déglutit ensuite, hésitant à lui donner son nom. S'il connaissait un peu le monde des vampires, il connaissait en théorie le nom du premier maréchal.

-Et... je m'appelle Toshiya. Enchanté... Sakito.

Fermant les yeux, à nouveau, il sent son ventre se nouer. Sakito... murmurant à peine pour lui même, sentant les larmes lui monter aux yeux, il prends une grand inspiration pour se calmer. Le vampire espérait simplement ne jamais être pris d'une crise de folie incontrôlable, et tuer à nouveau quelqu'un à qui il tiens. Pas qu'il tenait à Sakito... mais il avait le même prénom, et rien que ça, ça lui donnait la chaire de poule. Toshiya avait si peur... si peur de recommencer la même erreur.

-Tu t'appelles comme lui...

Se ressaisissant, il allume une cigarette et lui en proposes une:

-Tu auras out ce que tu veux, si tu viens. Un toit, un lit, la protection, de quoi manger, de quoi t'habiller comme tu veux, plus de coups. En échange, tu t'occupes de moi, et tu me donnes beaucoup, beaucoup d'affection...

Sakito remarqua qu'il y avait un problème avec son prénom... Il ne posa pas de questions, de peur de déranger et de se faire engueuler. Pis, la vie privée des gens ça le regardait pas, et il ne tilta pas quand le vampire lui donna son prénom. Il ne s'intéressait pas aux racontages des autres prostitués, et il comptait pas sur les clients pour lui faire la conversation. Le jeune homme vit Toshiya se ressaisir, et il refusa avec politesse sa cigarette. Les conditions n'avaient pas l'air dures à respecter, et Sakito y réfléchit quelques instants. Animal de compagnie... Pas de violence, plus de prostitution... Un jouet quoi. Mais bon... Qu'avait-il à y perdre?

- J'accepte. Mais j'espère que vous n'en aurez pas marre...

Sakito était du genre à s'attacher vite aux gens, et à donner beaucoup trop d'affection... Un vrai monsieur câlins qui prenait bien soin des gens tout le temps, se mettant en quinze pour qu'ils soient bien. Une pute, quoi.

Il lui adressa un léger sourire, et ne put s'empêcher de poser sa question...

- Pardonnez moi si c'est torp indiscret, vous n'êtes pas obligé de répondre mais... Je m'appelle pareil que qui?...

Prendre soin de quelqu'un commencait déjà par lui remonter le moral... Chose que Sakito savait bien faire, en temps normal. Avec le nombre de clients dépressifs qu'il avait du consoler, il avait de l'expérience, et aurait pu devenir psy tiens!

Tirant sur sa cigarette, soupirant, il baisse les yeux. Il n'avait vraiment pas envie d'en parler. Regardant le ciel d'un air absent, il entâme:

-Je veux plus jamais en reparler après ça. Alors écoutes bien. Je me suis échappé du labo, comme tu le sait. J'étais jugé comme l'un des spécimens les plus dangereux, colérique. C'est normal, quand tu te fait violer, frapper et insulter pour n'importe quoi, ne serai-ce qu'un regard. A la fin, je m'exprimait plus que par grognements et gémissements, comme un animal sauvage. J'ai errer dans la rue. Tellement traumatisé que j'avais tout oublier, jusqu'à mon nom. Et Sakito m'a retrouvé. Il m'a recueilli, soigné, instruit... il a tout fait pour moi. C'est lui qui m'a appeler "Toshiya". C'est le père que j'ai jamais eu... Et un soir, j'ai été pris d'une grosse colère, je sais même plus pourquoi. Je l'ai vidé de son sang. Je savais plus quoi faire. J'étais brisé émotionnellement... alors j'ai commencer à me droguer. L'argent pour ma came à finit par me manquer, alors j'ai commencer à me prostituer pour rembourser mes dettes à ce dealer. Tu te doutes que ça a bien marcher, un jeunot de 16 ans, un vampire que tu pouvais soumettre. Pour certains c'était une vengeance, pour d'autres un fantasme.

Soupirant, il tire une latte, et reprends:

-Puis un soir j'ai rencontrer Mao. Il m'a sorti de là. Du moins de la prostitution... J'ai toujours des ennuis avec la drogue.

Reportant son attention sur Sakito, il écrase son mégot, et le prends dans ses bras, lui caressant tendrement les cheveux.

Sakito écouta le récit du vampire, son visage prenant un air de plus en plus triste au fil de son récit... Il avait pas eu une vie facile, c'est sur. Lorsqu'il le prit dans ses bras, le jeune humain passa les siens autour de lui, caressant son dos comme pour chercher à le rassurer. Il ne savait pas vraiment quoi dire, pour le coup. Le silence s'installa, et Sakito releva finalement les yeux vers le maréchal.

- Ce n'est pas de votre faute, vous n'aviez pas conscience de ce que vous faisiez... Si ça avait été le cas, vous ne l'auriez peut-être pas tué...

Le jeune humain passa sa main sur la joue de Toshiya, lui faisant un regard rassurant. Il tourna la tête en direction de la sortie de la rue, et vit qu'un petit groupe de prostitués les fixait étrangement. Sakito soupira et prit la main du plus jeune pour l'emmener un peu plus loin, derrière l'immeuble, dans l'ancien parking toujours désert. Le jeune homme posa de nouveau ses grands yeux sur son vis à vis.

- Si vous voulez, je peux vous aider à ne plus vous droguer...

Le nombre de fois ou il avait géré des crises de manques de clients qui venaient lui demander de la drogue, il était habitué... Ca ne lui faisait plus peur et puis, peut-être que le maréchal irait mieux sans la drogue. Mais bon, pour sur, il ne le forcerait à rien... Il ne savait pas lui, ce que c'était que de se droguer, il n'avait jamais touché à rien, même pas à un pauvre joint, ni même aux cigarettes. Ca lui arrivait juste de boire, seul dans son appartement, jusqu'à en tomber par terre pour oublier son quotidien. Puis le lendemain, il était de nouveau de bonne humeur et retournait travailler, debout toute la journée sur son trottoir.

Hilare, Toshiya sourit et le plaques contre le mur.

-Ah oui? Arrêter la drogue en couchant avec moi? Tu crois que je la connais pas celle là, hein?...

Lâchant l'humain, il lui attache ensuite les poignets avec ses menottes, et entreprends de le trainer devant les autres putes. S'ils savaient que Sakito était "à lui", ils n'oseraient plus jamais le toucher. Toshiya lui expliquerai après. Pour le moment, il préférait ne pas trop traîner dans les rues, sentant que les hunters n'allaient pas tarder. Lui glissant discrètement à l'oreille, avant qu'ils ne sortent sur la rue principale:

-T'inquiètes pas. Je te libères dans deux secondes... patientes. Je sent juste que les hunters vont arriver... faut déguerpir.

Se pavanant devant les autres, Sakito menotté le suivant, il sourit, fier, avec un air supérieur, avant de s'adresser aux putes présentes:

-Il est à moi. Le premier qui le touche, je le bouffe. compris?...

C'est une question, qui bien évidement, est rhétorique. Se hâtant, il traine Sakito... une fois loin des regards, il le détaches et continue de marcher rapidement, regardant les alentours, l'air inquiet.

-Dépêches toi, s'il te plaît. Je veux pas que ça finisse en bain de sang!

Sakito se fit plaquer contre le mur et ce que le vampire insinua lui fit prendre une mine choquée. Il ne parlait pas de sexe! Seulement, il connaissait d'autres moyens pour ne plus se droguer, pour réduire les doses. Il savait immobiliser quelqu'un le temps qu'il se calme, aussi fort soit-il. En 6 ans de tapin, il avait apprit pas mal de trucs pour se défendre alors l'immobilisation, il maitrisait grandement!

Il ne comprit pas quand il se fit menotter, et il n'eut pas le temps de protester que déjà Toshiya le trainait dans la rue. Il se mit à paniquer, mais fut plus rassuré par ses explications. C'était un gamin docile, pas besoin de l'attacher pour qu'il le suive! Une fois qu'il fut détaché, il le suivit, se dépêchant, courrant presque à ses côtés parce qu'il marchait vraiment vite. Lorsqu'ils se mirent à ralentir, Sakito reprit doucement la parole.

- Quand je parlais de vous aider par rapport à la drogue, je parlais de tout sauf de sexe!

Il précisait quand même, ne tenant pas à être prit pour un pervers alors que ce n'était pas le cas. D'ailleurs si il pouvait avoir une semaine de vacances, ce qui dans son cas était une semaine sans rien se prendre entre les fesses, ça l'arrangerait grandement... A force, il y avait des matins où il était tellement faible que ses jambes les portaient à peine.

- Et euh... Si vous m'emmenez chez vous, est-ce que je pourrai quand même passer chez moi reprendre mes affaires?...

Rien ne pressait, il pouvait y aller le lendemain, ça ne lui posait pas de problèmes, mais il voulait quand même se changer un minimum quoi...

Toshiya écoutait à peine Sakito. Il était surtout pressé de rentrer, à l'abri. Les rues étaient peu sures la nuit. Marchant très vite, il se retournes vers Sakito qui visiblement peinait à le suivre.

-Demain. Là on a pas le temps. J'te dis, c'est les heures aux quelles les hunters sortent chasser le vampire.

Soupirant, il tourne dans une sombre ruelle, histoire de prendre un petit raccourcit. Il avait la chance d'être un nocturne, et donc de mieux s'orienter dans la nuit. S'arrêtant un petit instant, il regarde le brunet.

-... Sa... non, rien. Oublies.

Il ne voulait pas lui dire. Pas maintenant. Ils régleraient ce léger détail plus tard. Le fait que le sexe ne soit pas une éventualité envisagée pour l'humain dérangeait le maréchal. Il ne pourrait pas longtemps résister à l'envie de sauter sur Sakito. Mais il comprenait parfaitement ce que pouvait endurer celui-ci. Se faire passer dessus à longueur de temps, ça lasse et c'est surtout très fatiguant. Il le savait bien...

-Le sexe... ok. Je vais pas te sauter dessus. J'ai pas envie de te violer. Mais je me retiendrai pas vitam eternam... je sais à quel point c'est fatiguant comme boulot...

Regardant autour de lui, il soupire.

-Allez, on est presque arrivés. J'espère que ça te plaira. La déco' sera peut être un peu vieillotte à ton gout, mais on va dire que ça fait vraiment vampire... comme dans les films quoi. Tu vois, c'est genre lit à baldaquins, baroque... enfin, tu verras bien, hum? Ah, et, autant te prévenir... ne manque pas de respect à ma Julia.

Sakito hocha la tête quand le vampire lui dit qu'ils règleraient tout demain. Rien ne pressait, et l'humain avait pas spécialement envie d'avoir un mort sur la conscience juste pour des fringues. Toshiya s'arrêta et commenca de parler, interrompant sa phrase rapidement. L'humain fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas. Vinrent les explications sur le sexe... Il hocha la tête, bien sur qu'il se laisserait faire, mais il lui fallait juste quelque jours sans rien, histoire de se remettre de son dernier client qui avait de fortes tendances sado maso, et qui lui avait vraiment fait mal. Si le vampire se montrait doux avec le jeune prostitué, peut-être même que ce dernier y prendrait du plaisir! Mais ce n'était pas le moment de faire ce genre de réfléxions.

- Ne vous en faites pas pour ça, il me faut juste quelques jours de "repos"...

Sakito eut à peine le temps de sourire que déjà Toshiya parlait de nouveau, lui décrivant la déco et tout ça. Tant mieux, le jeune homme aimait bien tout ce qui était ancien. Et quant à ne pas manquer de respect à Julia, ça serrait pas un problème pour lui. Mais il se demanda...

- Qui est Julia?

Peut-être que c'était sa soeur, ou sa petite amie? Ou une servante, qui sait! Sakito essayait d'envisager toutes les hypothèses possibles.

Souriant en s'asseyant sur un petit banc, s'accordant une pause, au milieu du parc, il sourit et regarde la lune. Ah Julia, SA Julia. Sa tendre Julia.

-Julia... je te la présenterais. Mais il faut pas que tu sois méchant avec elle, ou je te tues. C'est la plus jolie des poupées...

Niaisement, il soupire, et allume une énième cigarette.

-Autant te prévenir que ça m'arrives souvent de découcher. Je te demandes pas du sexe. Que ce soit clair, j'ai assez d'amants comme ça. Je veux juste une présence... être un peu câliné.

Baissant tristement les yeux, il tire encore sur sa clope, et expire calmement la fumée. Ils ne craignaient rien ici pour le moment.

-Par contre, si je part le matin que que je rentres pas de la nuit, là faut s'inquiéter. Généralement je sort que la nuit. A part quand il fait gris. Le soir venu, je sort souvent, et je couches à droite à gauche, je chasse. Faut bien me nourrir.

Toshiya n'aimait pas sortir la journée. Trop de monde... La nuit, les rues étaient certes plus dangereuses, mais d'apparence plus calmes, plus sereines. Puis c'est à ce moment là que les hunters sortaient. Et Toshiya prenait toujours un malin plaisir à tuer ces enfants de putain.

Sakito fut étonné de voir le maréchal prendre une pause et s'asseoir sur un banc, bien en vue de tout le monde, alors que même pas deux minutes avant il disait qu'il fallait se dépêcher de rentrer... Mais bon, il n'allait rien dire. Il se contenta de rester debout à regarder le vampire, et fut étonné de son explication concernant Julia. Sa première pensée fut "Oh my god, mais sur qui j'suis tombé?"... Bien évidement il garda cette réfléxion pour lui et se contenta de hocher la tête, prenant un air faussement convaincu. Cette fois c'était sur: soit Toshiya était fou à lier soit... il était fou à lier.

La suite de ses explicatione lui parrut plus 'normale'. Il hocha la tête pour toute réponse et se reperdit dans ses pensées. Si il était souvent absent, alors Sakito se retrouverait souvent seul avec ladite Julia... Et les poupées, c'était moyennement son truc, même si il aimait les belles choses et ce qui était féminin, fallait pas pousser non plus. Il baissa les yeux, réfléchissant. Il avait encore son appartement à l'ancienne tour 109, et y était trop attaché pour la quitter...

- Aurais-je le droit de sortir aussi? Et de temps en temps, lorsque vous ne serrez pas là la nuit, d'aller dormir dans mon appartement?...

Il avait prit un ton timide, de peur de se faire encore engueuler. Certes, il serrait un bon petit chaton, affectueux ça ne lui posait aucun problème, mais comme tout être vivant il voulait quand même garder un peu de liberté, et sortir comme tous les jeunes de son âge, chose qu'il n'avait pas pu faire durant les six dernières années... Ses seules sorties avaient été avec des clients qui avaient voulu l'emmener dans tel restaurant ou tel night club... Pour une fois Sakito aurait voulu décider un peu quelque chose par lui même, ne plus être l'esclave des bons vouloirs des autres.

- Aurais-je le droit de sortir aussi? Et de temps en temps, lorsque vous ne serrez pas là la nuit, d'aller dormir dans mon appartement?...

Levant un sourcil, souriant, il regardes Sakito un petit moment, et annonce calmement:

-Tant que tu rentres en un seul morceau, ca me vas. Sakito, tu est libre. Je veux juste te sortir de la merde, comme Mao m'en a sorti. Je sais même pas pourquoi je t'ai pas tuer... en temps normal je l'aurai déjà fait. Mais je sais pas... si je peux en sauver, ne serai-ce qu'un seul, c'est déjà bien. Je te forcerai même pas à mettre une robe de soubrette... et si un jour j'ai envie de coucher avec toi, je veux que tu sois consentant. J'ai pas envie de te forcer.

Écrasant son mégot, le maréchal se relèves, s'étire et baille.

-Je suis épuisé. J'ai à faire demain. Rentrons vite, Sakito... tu pourras t'installer dans la chambre d'amis... je te prêterai des fringues pour demain. Si tu ne rentres pas, que tu veux passer la nuit dehors, laisse moi un petit mot. Et si je rentres pas, t'inquiètes pas... parfois je m'absentes plusieurs jours.